Ces règles étonnantes qui ont façonné le jeu
Certains règlements du football paraissent aujourd’hui inimaginables. Pourtant, ils ont existé et influencé l’histoire du jeu. Ces règlements insolites oubliés, souvent surprenants, racontent l’évolution d’un sport qui n’a cessé de se transformer au fil des époques.

Crédits : André Cros
Le football n’a pas toujours ressemblé au sport que nous connaissons. Ses premières lois, établies en 1863, avaient parfois des allures de rugby et autorisaient des situations aujourd’hui absurdes. En revisitant ces règlements insolites oubliés, on redécouvre un football plus brut, moins codifié, où le hasard, l’astuce et même l’abus avaient leur place. Plongeons dans ces histoires méconnues qui en disent long sur l’évolution du jeu.
Les débuts chaotiques : quand le hasard décidait du vainqueur
Avant 1970, les tirs au but n’existaient pas. Les matchs à élimination directe qui se terminaient sur un nul étaient parfois rejoués, mais pas toujours. Et quand l’agenda ne le permettait pas, le sort tranchait. Oui, un simple tirage au sort décidait du vainqueur. L’exemple le plus célèbre reste l’Euro 1968. Italie et URSS s’étaient neutralisées 0-0 en demi-finale. À la fin de la prolongation, c’est une pièce lancée en l’air qui a qualifié la Squadra Azzurra. Les Italiens ont poursuivi l’aventure et remporté la compétition, mais l’histoire a retenu cette scène improbable : une pièce de monnaie envoyant un pays en finale. Voilà le genre de règlements insolites oubliés qui marquent à jamais l’imaginaire.
Des gardiens aux super-pouvoirs
Autrefois, le gardien avait des privilèges démesurés. Jusqu’en 1896, il pouvait utiliser ses mains partout sur le terrain. Imaginez un portier dribblant au milieu de terrain et attrapant la balle à pleines mains. Absurde, mais réel. Après cette date, la zone autorisée fut réduite à sa moitié de terrain, puis uniquement à sa surface en 1912. Mais ce n’est pas tout. Le gardien pouvait se déplacer avec le ballon en main, faire deux pas, puis rebondir, et recommencer. Une gymnastique réglementaire qui favorisait la temporisation. Et comme si cela ne suffisait pas, la fameuse passe en retrait était totalement licite jusqu’en 1992. Le Danemark en abusa lors de l’Euro 1992. En finale contre l’Allemagne, les Danois sécurisaient leur avantage en multipliant les passes à Schmeichel, qui captait tranquillement le ballon. L’anti-jeu légal, mais insupportable pour les spectateurs. La FIFA réagit vite et interdit ce privilège, changeant définitivement le rôle du gardien.
Le hors-jeu, un casse-tête permanent
La règle du hors-jeu est une vieille histoire de frustrations. Jusqu’en 1925, un attaquant devait être couvert par trois défenseurs. Autant dire que les passes en profondeur étaient quasi impossibles. Certains défenseurs comme Bill McRacken avaient perfectionné l’art de piéger les adversaires en montant très haut sur le terrain. Résultat : peu de buts, beaucoup d’arrêts de jeu, et un football ennuyeux. En 1925, l’IFAB modifia la règle et réduisit le nombre de défenseurs nécessaires de trois à deux. Conséquence immédiate : une explosion du nombre de buts. En Angleterre, les filets tremblèrent 6 373 fois lors de la saison 1925-1926, contre seulement 4 700 l’année précédente. Sheffield United claqua même 102 buts en 42 matchs. Ce changement radical ouvrit la voie à de nouvelles tactiques, dont le fameux système W.M.
Les expériences folles et vite abandonnées
Certaines règles n’ont duré que quelques années, voire quelques mois. Dans les années 1990, la MLS testa une formule spectaculaire : des penalties « à l’américaine ». Le joueur partait balle au pied à trente mètres et devait tirer en cinq secondes, face à un gardien sorti de sa cage. L’idée faisait penser à un duel de western, mais elle fut abandonnée en 1999, faute d’adhésion. Dans le même esprit, les buts en or et en argent apparurent dans les années 1990 et 2000. Le premier mettait fin au match dès qu’une équipe marquait en prolongation. Le second attendait la fin de la mi-temps. La France profita de cette règle en 1998 et 2000, mais la brutalité de la sanction fit grincer des dents. Ces expériences finirent aux oubliettes, preuves que le football cherche parfois à se réinventer au risque de perdre son essence.
Les règles ignorées ou méconnues
Certains règlements insolites oubliés subsistent encore mais sont rarement appliqués. Le meilleur exemple reste la règle des 6 secondes pour le gardien. Officiellement, il ne peut conserver le ballon en main plus longtemps. En réalité, la plupart dépassent allègrement cette limite, sans sanction. Autre bizarrerie, la balle tombée avant 2019 ressemblait à un combat de rue : l’arbitre lâchait la balle entre deux joueurs, et que le plus fort gagne. Depuis, la règle a été assouplie. Mais les images de ces duels restent dans les mémoires. Enfin, il existe des situations rarissimes comme l’expulsion avant même le coup d’envoi. Patrice Evra en fit les frais en 2017 avec l’OM après une altercation avec un supporter. Rouge avant d’entrer sur le terrain, mais remplacé dans le onze puisque le match n’avait pas commencé. Une curiosité du règlement.
Quand les drames changent la règle
Certaines évolutions ont été dictées par des drames. L’histoire de Jimmy Thorpe, gardien de Sunderland, en est l’exemple le plus marquant. En 1936, il subit des charges violentes après une passe en retrait. Il termina le match, mais mourut quelques jours plus tard des suites de ses blessures. Ce drame accéléra la mise en place d’une protection stricte du gardien, intouchable dès lors qu’il a le ballon en main. Plus récemment, un geste anecdotique mais marquant entraîna aussi un changement : Diego Forlan qui, en 2003, avait célébré un but torse nu et dut courir sans maillot pour défendre l’action suivante. Depuis 2004, enlever son maillot est synonyme de carton jaune. Comme quoi, un simple geste peut écrire une nouvelle loi.
Les idées jamais appliquées
Certains projets n’ont jamais franchi le cap des discussions. Marco van Basten avait proposé de supprimer le hors-jeu, estimant qu’il tuait le spectacle. Il imaginait aussi des exclusions temporaires à la manière du hockey. Ces idées sont restées théoriques, mais elles rappellent que le football ne cesse de débattre de son avenir. Les règlements insolites oubliés témoignent ainsi d’une longue tradition d’essais, d’erreurs et de réformes parfois inattendues.
Les Règlements Insolites Oubliés au Football
Le football a toujours évolué au rythme des expériences, des drames et des contestations. Derrière ces règlements insolites oubliés, on retrouve un sport en quête d’équilibre entre spectacle, équité et sécurité. Chaque règle disparue raconte une époque, une mentalité, un style de jeu. Et qui sait, les prochaines années réservent peut-être d’autres ajustements tout aussi étonnants, un sujet que nous explorerons bientôt à travers l’histoire des arbitres et de leur pouvoir croissant sur le terrain.
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