La Fédération Française de Football a validé un budget record pour la saison 2025-2026. Ce Budget de la FFF, fixé à 299,1 millions d’euros, illustre une dynamique financière solide et une stratégie d’investissement ambitieuse pour l’avenir du football français.
La maison bleue se porte bien, mais derrière les chiffres, se cachent des choix politiques, des partenariats colossaux et des priorités sportives claires.

FFF Crédits : Step101
Une progression historique : la FFF en pleine croissance
En deux ans, la Fédération a fait un bond remarquable. De 283,6 millions d’euros en 2023-2024 à 299,1 millions d’eurosprévus pour 2025-2026, la croissance est nette. Cette progression de 5,5 % reflète la stratégie de diversification des revenus mise en œuvre depuis la sortie de crise sanitaire. La FFF a su transformer ses leviers financiers. En 2022-2023, elle réalisait déjà 281,9 millions d’euros de produits d’exploitation. Aujourd’hui, la fédération présidée par Philippe Diallo affiche une ambition assumée : sécuriser son avenir tout en soutenant la base du football. Et ce n’est pas tout. Le contrat Nike, les nouveaux accords de naming et les recettes des équipes de France portent la dynamique.
Les partenariats, moteur du budget 2025-2026
Les droits télévisés ne dominent plus les revenus de la FFF. Le cœur du Budget de la FFF repose désormais sur les partenariats commerciaux. Le contrat Nike, prolongé jusqu’en 2035, en est le symbole fort. Avec 100 millions d’euros par an à partir de 2026, dont 85 millions en cash et 15 millions en matériel, il s’agit du plus gros accord de sponsoring de l’histoire du football français. Une avance de 30 millions d’euros a même été versée avant le démarrage du nouveau cycle. Le Crédit Agricole, autre pilier historique, s’engage lui aussi avec le naming de la Coupe de France, désormais baptisée “Coupe de France Crédit Agricole”, pour plus de 10 millions d’euros sur trois saisons. En 2022-2023, la FFF tirait déjà 130,3 millions d’euros de ses activités commerciales et 59,2 millions du contrat Nike. Ces chiffres devraient encore grimper.
Soutien massif au football amateur et au football féminin
Si les revenus explosent, la FFF n’oublie pas sa mission première : irriguer le football français. Sur les 299,1 millions d’euros de budget global, 106,2 millions sont consacrés au football amateur. Une somme colossale, répartie entre aides aux ligues et districts (35,2 millions), compétitions nationales (26,6 millions) et soutien direct aux clubs (25,7 millions). Le Fonds d’Aide au Football Amateur (FAFA), véritable poumon du dispositif, ajoute 5 millions d’euros supplémentaires pour l’équipement, la formation et la mobilité des clubs. Ce fonds global de 17 millions d’euros par anfinance aussi l’emploi, les infrastructures et les minibus qui sillonnent les territoires. Le football féminin bénéficie, lui, d’un soutien renforcé : 14 millions d’euros lui sont dédiés, dont 13,6 millions pour la Ligue Féminine de Football Professionnel (LFFP). La FFF veut capitaliser sur la dynamique des Bleues et la structuration du championnat national.
Une situation financière redressée après des années de tension
Le chemin n’a pas toujours été aussi serein. En 2023-2024, la Fédération anticipait un déficit de 4,7 millions d’euros, impacté par la baisse des droits TV de la Coupe de France (passés de 23,5 à 16 millions) et les coûts liés à la réforme des championnats amateurs. Pourtant, l’exercice 2022-2023 s’était clos sur un excédent de 4,2 millions d’euros. L’année précédente, la FFF affichait déjà un petit bénéfice de 900 000 euros, preuve d’une remontée progressive après les années COVID. Ces résultats traduisent un retour à la stabilité. La gestion financière, plus rigoureuse, a permis de reconstituer les réserves et d’anticiper les dépenses stratégiques.

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Un budget tourné vers la performance et la visibilité internationale
Le Budget de la FFF ne se limite pas à l’entretien du patrimoine. Il est intimement lié aux ambitions sportives. Pour 2025-2026, la Fédération prévoit des recettes issues de 10 matches des Bleus, dont 5 en France, et table sur un quart de finale des équipes nationales : les Bleues à l’Euro 2025 en Suisse, les Bleus au Mondial 2026 (dont les retombées seront comptabilisées sur 2026-2027). Mais attention, un autre enjeu pèse sur l’équilibre global : le Stade de France. Les discussions avec GL Events, nouveau gestionnaire, visent à obtenir des conditions financières plus justes. Jusqu’ici, la FFF jugeait les coûts d’exploitation du stade “largement pénalisants”. Une négociation cruciale pour rentabiliser les futures rencontres internationales.
Une stratégie de long terme axée sur la stabilité et la diversification
Philippe Diallo veut transformer cette réussite conjoncturelle en modèle durable. L’objectif affiché : augmenter les aides au football amateur jusqu’à 150 millions d’euros par an grâce aux nouveaux partenariats. En parallèle, la FFF explore des pistes innovantes pour ses droits audiovisuels. L’expérience menée avec le streamer Zack Nani, chargé de diffuser les matches des Espoirs, a ouvert une nouvelle voie dans la valorisation du contenu fédéral. Ce virage numérique pourrait à terme renforcer l’indépendance économique de l’institution vis-à-vis de la LFP et des chaînes traditionnelles.
Une fédération puissante face à l’Europe
Avec ses 299,1 millions d’euros, la FFF se place parmi les fédérations les plus riches d’Europe. Lors de l’Euro 2024, elle affichait déjà 267 millions d’euros de budget, loin devant plusieurs associations nationales. Ce poids économique traduit aussi la puissance du football français, fort de ses champions du monde 2018 et d’une politique de formation reconnue. Pourtant, la concurrence s’intensifie. La fédération allemande, portée par l’organisation de l’Euro, ou la FA anglaise, dopée par la Premier League, investissent massivement. La FFF devra continuer à innover pour conserver son leadership continental.
Le Budget de la FFF pour 2025-2026 symbolise un tournant : celui d’une institution plus solide, plus autonome et tournée vers la performance. Derrière les millions, c’est toute la structuration du football français qui se joue. Une gestion exemplaire qui pose une question : jusqu’où la FFF peut-elle aller dans sa quête d’indépendance face au pouvoir économique des clubs ?
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