Les Bad Gones incarnent depuis plus de trente ans la puissance tribune de l’Olympique Lyonnais. Les Bad Gones ont façonné le Virage Nord, l’ont animé, l’ont parfois fracturé, mais surtout l’ont porté au rang de référence nationale.
Deux phrases suffisent pour comprendre leur impact : sans les Bad Gones, le Virage Nord ne serait pas ce moteur émotionnel unique, et sans le Kop Virage Nord, l’OL ne vivrait plus la même intensité chaque week-end. Les Bad Gones demeurent le cœur battant du stade.

Crédits : Guillaume Baviere
Le Virage Nord n’a jamais été un simple bloc. Il est un territoire, un symbole, un héritage. L’histoire commence en 1987, dans ce Lyon encore loin de l’élite européenne. Une bâche, une poignée de supporters, une conviction. La tribune Jean Bouin voit naître le Kop Gens Bouin, futur Bad Gones. Puis le Virage Nord devient leur royaume deux ans plus tard. La tension est palpable et l’ambiance incendiaire. Ce n’est pas la naissance d’un groupe, mais celle d’une identité.
Bad Gones : Aux origines d’un groupe devenu institution
Au tout début, le collectif se construit dans la sueur, la défiance, la provocation. Le Virage Nord impose sa loi. Un OL-Caen de 1991 dégénère en émeute. Des confrontations avec les forces de l’ordre marquent les consciences et l’image du groupe. En septembre 1992, un acte antisémite commis par des éléments périphériques plonge les Bad Gones dans une spirale dangereuse. La répression tombe, les adhérents s’effondrent. Ils ne sont plus qu’une centaine. Pourtant, au moment où tout semblait perdu, ils refusent de disparaître.
Les années 1990 ressemblent à un cycle incessant, entre purge et renaissance. Le groupe chute en 2001, puis renaît dans la saison 2001-2002. Le Kop Virage Nord apparaît comme bannière commune. Le nom Bad Gones n’est plus celui de la masse mais celui du noyau dur. Un cercle voltigeur, calme en surface, incandescent en tribune.
Les tifos commencent à transformer le visuel lyonnais, à donner au club une aura nouvelle. Les déplacements deviennent signature. Bruges, Bologne. Puis Milan, un quart de finale 2006. Dix mille Lyonnais déferlent. Le reste de l’Europe observe cette marée rouge et bleue.
Ascension fulgurante et puissance tribune
La décennie 2000 n’est pas seulement celle des titres lyonnais, mais aussi celle de la transformation massive des Bad Gones. Lyon règne sur la Ligue 1. L’OL voyage en Ligue des Champions. Le nombre d’adhérents explose. En 2000, ils sont 1 500. En 2015, avant l’entrée au Groupama Stadium, ils doublent brutalement puis atteignent 6 000.
Et ce n’est pas tout. Les négociations avec le club accordent au Kop Virage Nord l’intégralité des blocs inférieurs et intermédiaires. Le stade change de taille, mais l’ambiance ne rétrécit jamais. Le Virage Nord devient un théâtre, avec un public scénographe. Tifos géants, argent, peinture, énergie humaine. Le slogan résonne comme un ordre intérieur. Combattre et Vaincre.
Puis en 2023, une nouvelle génération émerge. Le Bloc 405 élève l’ambiance sur un étage supérieur. Moins massif, mais ambitieux. Sans agitation inutile, mais avec ferveur.

Bad Gones : Héritage, identité et frictions politiques
Les Bad Gones n’ont jamais nié leur passé. La réputation d’extrême droite a longtemps collé aux tribunes lyonnaises. Mais attention : la cure de dédiabolisation a été réelle, profonde, structurée. Chants, visuels, slogans, le groupe a réorienté sa ligne. Aujourd’hui, il se revendique d’une identité lyonnaise, sportive, culturelle.
L’ambiance reste son terrain premier. Ahou. Qui ne saute pas n’est pas Lyonnais. Les soirs de derby contre Saint-Étienne, le Virage Nord devient arène sauvage. Rien n’égale la brutalité symbolique d’un OL-ASSE. En 2000, une banderole inscrit au fer rouge l’opposition. Les Gones inventaient le cinéma pendant que vos pères crevaient dans les mines. La provocation est directe, frontale, historique. Les Bad Gones ne jouent pas à moitié la rivalité.
Pourtant, l’histoire n’est pas linéaire. Aulas et les Bad Gones ont grandi ensemble, dans la même temporalité, la même ascension. Le départ du président en 2023 provoque un hommage sincère. Puis, la bascule Textor. En janvier 2025, la gronde s’exprime par communiqué virulent. Les Bad Gones refusent même de participer aux vœux du club. Un précédent.
Les chiffres clés des Bad Gones / Kop Virage Nord
- Année de création : 1987.
- Adhérents actuels Kop Virage Nord : environ 6 200 membres.
- Membres Bad Gones (noyau ultra) : environ 6 000, dont un noyau dur d’environ 200 très actifs.
- Pic de croissance : fin des années 1990–milieu 2000, avec 1 500 membres autour de 1999-2000 puis plus de 5 000 avant le déménagement au Groupama Stadium.
- Plus gros déplacement connu : 9 000 à 10 000 Lyonnais à San Siro pour Milan–OL (Ligue des Champions 2006).
- Position dans les tribunes : Virage Nord du Groupama Stadium (blocs inférieurs et intermédiaires).
Incidents, tensions internes et position dominante
Le Virage Nord n’est pas qu’un bloc uni. En octobre 2024, la confrontation contre les Six-Neuf Pirates éclate après OL-Nantes. Dix-neuf interdictions de stade, seize plaintes déposées. Le nouveau groupe, voué à des valeurs inclusives, dérange le noyau historique. Cette friction dépasse le simple désaccord. Elle illustre le rapport de force générationnel.
Pourtant, malgré remous internes, forces centrifuges, débats idéologiques, les Bad Gones restent à 6 200 adhérents. Aucun autre groupe en France n’atteint cette dimension. Leur pouvoir est organique, leur sens de la tribune unique. La structure reste claire. Bad Gones au noyau, Kop Virage Nord à l’ensemble.
Les soirs de Ligue des Champions, le stade entier se nourrit d’eux. L’Europe n’a pas oublié l’impact lyonnais. Les liens avec certains groupes ultras continentaux alimentent l’image, parfois trop lourde, mais réelle.
Bad Gones : Présent, avenir et stabilité de la tribune
En 2024-2025, les Bad Gones maintiennent une mobilisation quasi militaire. Abonnements, adhésions, déplacements. Rien n’abdique. Malgré l’instabilité sportive, malgré les tensions politiques, le groupe reste matrice affective du club. Le Virage Nord respire à leur rythme. Chaque but est une déflagration.
Leur histoire est celle d’un mouvement devenu continent. De jeunes frondeurs, de crises internes, d’exclusions, de retours. La maturité a pris forme avec le temps. Leur place dans le paysage français dépasse l’OL. Elle interroge le modèle tribune, le modèle supporter, la puissance émotionnelle du stade.
Le Virage Nord n’est pas seulement peuplé. Il est pensé, animé, orchestré. Les Bad Gones y sont architectes.
Et parce qu’aucune tribune ne reste figée très longtemps, un autre chapitre émergera bientôt, peut-être face à la recomposition sportive du club, ou à l’entrée d’une génération encore différente.
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Voir aussi notre article sur : Qu’est-ce qu’un Kop ? Symbole Incontournable des Stades de Foot
