Commando Ultra 84, le doyen du mouvement ultra en France

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Ils sont là depuis toujours. Le Commando Ultra 84 n’a pas seulement accompagné l’OM, il l’a façonné. Le Commando Ultra 84 est devenu la plus vieille entité de la culture ultra en France et l’incarnation la plus brute de la ferveur marseillaise.

Ils sont nés sur une défaite, un soir d’août 1984, mais leur histoire ne s’est jamais racontée à travers les scores. Le Commando Ultra 84, c’est une identité, une colère, une fidélité. Une atmosphère que même le Vélodrome peine parfois à contenir.

Commando Ultra 84, le doyen du mouvement ultra en France

Commando Ultra 84

Un vendredi 31 août 1984, tout bascule. Le Racing mène, le Vélodrome suffoque et une pétition circule contre ces jeunes agités trop bruyants. Ils ne sont qu’un groupe dispersé mais déjà équipé. Tambours, drapeaux, mégaphones, voiles. Ils changent de tribune, de section, d’endroit, tentent d’exister malgré tout, puis Marco propose un nom qui fera trembler la France du supportérisme. Commando Ultra. Les fumigènes SNCF embrasent la deuxième mi-temps. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de donner naissance au premier groupe ultra de l’histoire française. Ils ne savent pas non plus que leur façon de vivre le football transformera la tribune en un chaos organisé, à la vie à la mort.

La naissance d’une culture et d’un lieu sacré

Le Bas du Virage Sud devient leur territoire. Ils s’installent au plus près des grilles. Ils ne veulent pas dominer, seulement exister. C’est pourtant là, en bas, que la ferveur la plus intense du Vélodrome prendra forme. Le Commando Ultra 84 ne crée pas seulement le supportérisme ultra en France, il lui donne une âme. Une tête de mort comme emblème, bannière indéboulonnable, incarnation d’une fidélité sans conditions. La devise circule dès les premières années. Nés sur une défaite, unis pour la victoire. Rien n’est plus marseillais que cette ironie glorieuse.

Ils restent profondément liés à l’Italie des années 80 et à ce mouvement visualisé par Marco dans Supertifo. C’est la naissance d’un style unique. Pas d’électricité festive, mais du feu, des fumigènes, des tambours ravageurs. Et ce n’est pas tout. Leur position dans le virage les place au cœur de la pulsation. Les Winners arrivent plus tard et cohabitent en hauteur. Le CU84 reste en bas, plus proche des joueurs, plus proche du terrain. C’est un rapport viscéral à l’OM.

Alliances et fraternités continentales

Mais attention. Le Commando Ultra 84 ne se limite pas à Marseille. Ils voyagent, tissent, créent des alliances politiques, sociales, culturelles. Au fil des décennies, l’AEK Athènes devient presque une extension du Vélodrome. Livourne, Saint Pauli, Sampdoria, Séville, autant de clubs où la tribune est ferroviaire et ouvrière. La même langue. Celle des bombers, des mégaphones, du droit de chanter sans permission. Ubiquité, répètent-ils, comme un mantra. Présents partout. Du nord de l’Italie aux docks de Hambourg, des rues d’Athènes aux bars de la Canebière. Ce triangle fraternel s’impose comme une évidence historique. Les déplacements communes, les tifos croisés, les banderoles cousues à la main sont autant de rites initiatiques.

Pourtant, cette fraternité n’a rien d’une mode. Elle s’enracine dans l’idée d’un football populaire, accessible et vivant. Une même compréhension du monde, parfois rude, toujours loyale.

Santos, la blessure qui marque une génération

Le 1er octobre 2008, l’histoire s’enraye. L’Atlético de Madrid accueille l’OM dans un match tendu. Les affrontements éclatent et Santos Mirasierra, figure charismatique du CU84, est arrêté. Les images tournent, la chaise volait-elle vraiment sur la police, personne ne sait. Mais Santos est condamné. Sa cellule devient le symbole d’une lutte qui dépasse les tribunes. La France s’en mêle, l’État s’en mêle, la diplomatie s’en mêle. Et Marseille, toute entière, répète le même slogan. Liberté pour Santos. Les banderoles se dressent, les stades européens s’embrasent, la communauté ultra se resserre autour de lui. C’est la preuve que leur lutte n’est pas folklorique. Elle est politique. Et dans la douleur, le Commando Ultra 84 se solidifie.

Quarante ans et la flamme intacte

Septembre 2024. Le Vélodrome explose pour célébrer les quarante ans du groupe. Le Bas du Virage Sud est incandescent. C’est un spectacle visuel, pyrotechnique, quasi mystique. La LFP sanctionne. Huis clos partiels, amendes lourdes. Rien de nouveau pour Marseille. Depuis 1984, la tension est la même. Entre contrôle et passion. Entre règlement et expression. Mais le Commando Ultra 84 continue. Immortel. Et peut-être plus fort encore que lors de la première fumée SNCF du 31 août 1984.

Ils savent que cette ferveur ne plaît pas et que la Ligue préfère le silence au fracas. Ils s’en moquent. L’OM ne vit pas sans eux. C’est une certitude que la France entière reconnaît.

Le Commando Ultra 84, finalement, n’a pas changé. Le stade, oui. Le football, oui. Mais eux, non. Tambours, drapeaux, mégaphones, bombers, hurlements, amitiés européennes, tête de mort comme bannière. Une tribune qui brûle et un football qui vibre. Ils ne souhaitent qu’une chose. Que l’histoire ne s’interrompe jamais.

Et si leurs fumigènes coûtent cher, leur absence coûterait bien plus. Parce que le Vélodrome n’est pas seulement un stade. C’est un cœur. Et en bas du Virage Sud, ce cœur bat depuis quarante ans, au rythme du Commando Ultra 84.

Alors que les géants pyrotechniques enflamment encore les nuits marseillaises, une autre histoire se prépare. Celle des Winners, et du duel fraternel qui façonne le Vélodrome depuis plus de trente ans.

Contacts

Site internet : www.commandoultra84.com
Adresse : ULTRAS MARSEILLE 180, Bd Rabatau 13010 Marseille
Téléphone :04.91.80.40.25
Mail : commando84@gmail.com


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A propos Laurent M 235 Articles
Je m’appelle Laurent et je suis passionné de football depuis mon plus jeune âge. Ancien joueur en catégories de jeunes, j’ai rapidement compris qu’au‑delà du terrain, ce sont aussi les histoires, les tactiques et les trajectoires de carrière qui font la richesse de ce sport. Avec le temps, j’ai eu envie de passer de l’autre côté du jeu : celui de l’analyse, de l’écriture et de la transmission. Depuis septembre 2024, je suis rédacteur chez Topicfoot, où je m’attache à expliquer le football sous toutes ses dimensions. J’aime décrypter les matchs, analyser les choix tactiques des entraîneurs et proposer des dossiers de fond sur l’économie du football : transferts, salaires, stratégies de recrutement ou évolution des championnats. Mon objectif est de rendre accessibles des sujets parfois techniques, sans jamais sacrifier la précision. Dans mes articles, je m’efforce de croiser statistiques, ressentis du terrain et contexte historique pour offrir au lecteur une vision complète et nuancée du jeu. Je suis de près la Ligue 1, les grands championnats européens et l’essor de nouveaux projets footballistiques à l’international, avec une attention particulière pour les dynamiques de clubs sur le long terme. En dehors de la rédaction, je continue de jouer en amateur et je passe beaucoup de temps à regarder des matchs et analyser des séquences vidéo. Cette habitude nourrit directement mon travail d’écriture : chaque rencontre est une occasion de mieux comprendre le jeu… et de mieux le raconter aux lecteurs de Topicfoot.