1978 Argentine : Maillots oubliés, crampons imposés et cohabitation italienne : retour sur un tournoi surréaliste pour les Bleus
Le Mondial 1978 restera gravé comme l’un des tournois les plus rocambolesques de l’histoire de l’équipe de France. Entre erreurs logistiques, tensions internes et anecdotes improbables, les Bleus ont vécu un tournoi à part. Malgré leur élimination au premier tour, leur passage en Argentine a marqué les esprits, souvent pour de mauvaises raisons. Cette Coupe du monde fut le théâtre d’une série d’événements étranges qui expliquent aussi l’échec sportif.
Une qualification arrachée dans la douleur
La France n’avait plus disputé la Coupe du monde depuis 1966. Sa qualification pour le Mondial 1978 fut donc un soulagement. Le sélectionneur Michel Hidalgo réussit à construire une équipe jeune mais talentueuse. Michel Platini commence à émerger au plus haut niveau. Dominique Rocheteau incarne la nouvelle vague. La France se qualifie en devançant la Bulgarie lors d’un dernier match crucial à Paris. Ce retour en Coupe du monde suscite de grands espoirs.
Un groupe relevé et une préparation contrariée
Le tirage au sort place la France dans un groupe difficile. Les Bleus devront affronter l’Italie, l’Argentine et la Hongrie. Aucun adversaire n’est abordable. Les Français arrivent en Argentine dans des conditions peu idéales. Ils partagent leur hôtel avec la redoutable équipe d’Italie. Cette cohabitation imposée par l’organisation argentine crée des tensions. Les entraînements doivent être décalés. Les échanges sont inexistants entre les deux camps. Le moindre détail devient un stress.
L’affaire des chaussures Adidas imposées par la FFF
La Fédération Française de Football impose à ses joueurs de porter des crampons Adidas. La condition pour les joueurs ? Passer du cirage blanc sur les trois bandes de la marque avant de jouer les matches afin de mieux faire ressortir le sponsor aux caméras de la télévision. En contrepartie les joueurs touchent chacun entre 1.500 francs et 5.000 francs de la part de la marque allemande. Le montant est jugé insuffisant par les Bleus. Selon des rumeurs, les joueurs des autres sélections équipées par Adidas sont mieux rémunérés. Contre l’Italie certains joueurs refusent le cirage blanc pour donner de l’éclat à leurs chaussures. D’autres préfèrent passer du cirage noir sur les bandes blanches pour les cacher.
Boycott du mondial Argentin
Le 24 mars 1976, l’armée prend le pouvoir en Argentine après un coup d’État. La junte militaire mettra en place un système répressif et dictatorial. Certains joueurs souhaitent marquer leur opposition, à l’image de Dominique Rochetau. Mais la majorité de l’équipe des Bleus ne veut pas mélanger sport et politique.
Quand les Bleus oublient leur maillot contre la Hongrie
L’anecdote la plus célèbre du Mondial 1978 reste celle des maillots oubliés. Avant d’affronter la Hongrie à Mar del Plata, un quiproquo éclate. Les deux équipes arrivent avec des maillots blancs. Les Français n’ont pas emporté de jeu de rechange. Par miracle, ils trouvent une solution de fortune. Ils empruntent les maillots rayés verts et blancs du petit club local de Kimberley. Les numéros sont dessinés à la main au marqueur noir. Les joueurs français disputent un match de Coupe du monde dans une tenue de club amateur. L’image est surréaliste. Le symbole d’une organisation complètement dépassée.
Un match d’ouverture frustrant contre l’Italie
La France débute son Mondial 1978 contre l’Italie, dans un match où elle surprend d’entrée. Bernard Lacombe marque après seulement 30 secondes. Ce sera l’un des buts les plus rapides de l’histoire de la Coupe du monde. Malheureusement, les Italiens égalisent avant la pause puis prennent l’avantage. Les Bleus manquent de précision devant le but. La défaite 2-1 laisse un goût amer. Elle reflète l’écart de maturité entre les deux équipes.
Un match valeureux mais inutile contre l’Argentine
Face à l’Argentine, pays hôte, les Bleus livrent une belle prestation. Michel Platini marque un but splendide. Les Tricolores inquiètent l’Albiceleste pendant une heure. Mais l’expérience argentine finit par faire la différence. La France s’incline 2-1 malgré sa combativité. Ce match laisse entrevoir le potentiel de la génération Platini. Mais il condamne les Bleus à l’élimination prématurée.
Un succès anecdotique contre la Hongrie en tenues de secours
Déjà éliminée, la France affronte la Hongrie lors du dernier match. Elle s’impose 3-1 grâce à des buts de Rocheteau, Six et Lopez. Ce match aurait pu être une formalité. Il reste dans l’histoire uniquement pour l’affaire des maillots. La victoire n’efface pas la frustration d’une élimination trop rapide. Elle permet au moins de quitter l’Argentine avec une pointe d’orgueil.
Un tournoi entre chaos logistique et avenir prometteur
Le Mondial 1978 des Bleus se résume à une succession de maladresses. L’imposition des crampons Adidas, la cohabitation avec l’Italie et l’oubli des maillots marquent l’histoire. Ces erreurs illustrent l’amateurisme qui règne encore autour de la sélection. Pourtant, des promesses apparaissent. Platini, Tigana, Rocheteau ou Trésor incarnent l’avenir. Ce tournoi préfigure les grands succès du début des années 80. La défaite devient un tremplin.
La naissance d’un futur champion d’Europe
L’échec du Mondial 1978 pousse la France à revoir son organisation. Michel Hidalgo garde les rênes. Il apprend des erreurs. La génération dorée se construit autour de Platini. Le style de jeu s’affine. Le groupe devient solidaire. Ce travail paiera quelques années plus tard. L’équipe de France devient championne d’Europe en 1984. L’humiliation en Argentine reste un souvenir utile, un point de départ fondateur.
Une aventure étrange mais déterminante pour les Bleus
Le Mondial 1978 n’a pas offert de gloire aux Bleus. Il a offert des leçons fondamentales. La préparation défaillante, les choix douteux et les erreurs logistiques ont coûté cher. Pourtant, cette édition marque un tournant dans l’histoire des Bleus. Elle a mis en lumière les carences mais aussi les talents. Elle a provoqué une prise de conscience nécessaire. C’est dans l’échec que naît souvent l’ambition.
Un maillot oublié, un but éclair, une équipe à construire
De l’affaire des maillots à la cohabitation imposée, le Mondial 1978 a tout d’un scénario invraisemblable. Il témoigne d’une époque révolue où rien n’était totalement professionnel. Malgré tout, ce tournoi a lancé la génération qui fera briller la France. Une histoire à suivre en se penchant sur l’épopée victorieuse de l’Euro 1984
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