Bernard Lacombe, légende de l’OL et des Bleus, figure incontournable du football français, disparu à 72 ans.

Le football français vient de perdre l’un de ses plus grands noms. Bernard Lacombe, icône de l’Olympique Lyonnais et des Girondins de Bordeaux, est décédé à 72 ans. Homme de cœur, joueur redoutable et dirigeant visionnaire, il laisse une trace indélébile dans l’histoire du sport français
Une carrière de buteur exceptionnelle
Bernard Lacombe n’était pas seulement un attaquant, il était une machine à marquer. Avec 255 buts inscrits en Division 1, il est encore aujourd’hui le deuxième meilleur buteur de l’histoire du championnat de France. Né le 15 août 1952 à Lyon, il a grandi dans les rues de Fontaines-sur-Saône avant de rejoindre l’Olympique Lyonnais à l’adolescence. C’est là qu’il débute en professionnel en 1969, entamant une trajectoire fulgurante. En 1973, il remporte la Coupe de France avec l’OL, son premier grand trophée. Après un court passage à l’AS Saint-Étienne, il rejoint les Girondins de Bordeaux en 1979, club avec lequel il va vivre ses plus grandes heures. Sous les ordres d’Aimé Jacquet, il rafle trois titres de champion (1984, 1985, 1987) et deux Coupes de France (1986, 1987). Lacombe devient l’un des visages de la domination bordelaise des années 80. Son duo avec Alain Giresse est alors l’un des plus prolifiques et complices du football français
Un Bleuet au destin en or
En Équipe de France, Bernard Lacombe a marqué les esprits. Entre 1973 et 1984, il honore 38 sélections et inscrit 12 buts. Il participe à trois grandes compétitions internationales et inscrit l’un des buts les plus célèbres de l’histoire tricolore. Lors de la Coupe du monde 1978, face à l’Italie, il ouvre le score après seulement 38 secondes. Ce but restera un record jusqu’en 1991. Il est aussi demi-finaliste du Mondial 1982 et champion d’Europe en 1984, aux côtés de Michel Platini, Alain Giresse et Jean Tigana. Son palmarès international est un symbole de la montée en puissance des Bleus à cette époque
Le cerveau de l’Olympique Lyonnais
Après sa carrière de joueur, Bernard Lacombe devient entraîneur, puis conseiller et directeur sportif de l’Olympique Lyonnais. Aux côtés de Jean-Michel Aulas, il construit une équipe qui va dominer la Ligue 1 dans les années 2000. Entre 1996 et 2000, il détecte, forme et propulse les futurs héros de l’OL. Il repère un jeune Karim Benzema, l’encadre et l’encourage à franchir les paliers jusqu’à l’équipe première. Pour Sidney Govou, Lacombe a été bien plus qu’un mentor : un père, un soutien, un modèle. Visionnaire du recrutement, il agit souvent dans l’ombre mais toujours avec efficacité. Grâce à lui, Lyon devient une référence nationale et européenne
Un homme du peuple et de la ville
Bernard Lacombe n’était pas qu’un dirigeant, il était une figure populaire. À Lyon, tout le monde ou presque a une anecdote sur lui. Fidèle aux cafés, aux petits restaurants et aux rencontres informelles, il connaissait la moitié de la ville. Chaque déjeuner était l’occasion de croiser flics, anciens coéquipiers, jeunes espoirs ou amis de toujours. Son attachement à Gerland, à la cathédrale de Fourvière et aux quartiers de sa jeunesse en disait long sur son enracinement. Homme simple, mais à la poignée de main franche, il suffisait de gagner son regard pour entrer dans son cercle. Les anecdotes abondent, pleines d’humanité et d’humour. Lacombe avait le verbe piquant, les mots justes et la mémoire vive. Il plaisantait sur les joueurs, sur les blessures, mais jamais sur l’amour qu’il portait à son club et à sa ville
L’émotion immense des anciens et des supporters
La disparition de Bernard Lacombe a bouleversé tout le football français. Karim Benzema, Sidney Govou, Alain Giresse ou encore Philippe Diallo ont exprimé une tristesse profonde. Benzema a salué celui qui l’a propulsé au sommet. Govou a pleuré son guide de toujours. Giresse a parlé de la perte d’un frère, d’un compagnon de route depuis les jeunes années. Même les Girondins de Bordeaux, qu’il avait quittés depuis longtemps, ont pleuré un monument. À Lyon, les Bad Gones et les supporters se sont donné rendez-vous devant le stade de Gerland, là où tout avait commencé. Aucune déclaration des dirigeants actuels de l’OL n’est venue combler le vide, mais le peuple lyonnais, lui, a répondu présent. Parce que Bernard Lacombe, c’était une part du patrimoine local, une âme du football à l’ancienne, accessible, généreuse et fidèle
Un homme engagé jusqu’au bout
Même affaibli par la maladie, Bernard Lacombe ne cessait d’agir. Il visitait des enfants malades, passait voir des amis à l’hôpital, rendait service dès qu’on l’appelait. Homme de réseaux, il savait qui appeler, qui aider, et n’attendait jamais rien en retour. Il allait aux enterrements, aux messes, aux matchs amateurs, toujours présent pour ceux qu’il avait croisés un jour. Stéphane Benas, du musée de l’OL, témoigne de cette fidélité rare. Pour Lacombe, chaque lien comptait, chaque souvenir valait d’être entretenu. Le football moderne, souvent froid et distant, perd avec lui un ambassadeur du lien, du partage, de l’émotion collective
L’écho éternel de Gerland
Aujourd’hui, les projecteurs de Gerland ne brillent plus comme avant. Mais dans chaque souvenir, dans chaque conversation entre anciens, dans les récits de Benzema ou de Giresse, le nom de Bernard Lacombe résonne. Il n’était pas qu’un grand joueur. Il était un homme vrai, de parole, de principes. Ses aphorismes, ses gestes, sa fidélité ont marqué tous ceux qui ont croisé sa route. Le football français lui doit beaucoup. Lyon pleure l’un des siens, mais son souvenir vivra dans chaque but, chaque détection, chaque main tendue. Bernard Lacombe n’est plus là, mais son esprit plane encore sur le Rhône, sur les travées de Gerland, sur les terrains de jeunes de Fontaines-sur-Saône
Un modèle à transmettre aux générations futures, et pourquoi pas à travers l’héritage des grands du football lyonnais
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