Confronté à des revenus en baisse, le club doyen mise sur l’efficacité économique pour rester compétitif en Ligue 1.
Malgré une place de choix parmi l’élite, Le Havre AC devra composer avec un budget resserré pour la saison 2025-2026. Les données actuelles, issues de la DNCG et des communications internes, laissent entrevoir un budget prévisionnel oscillant entre 25 et 30 millions d’euros. Une estimation en recul par rapport à l’exercice précédent. Entre prudence financière et impératifs sportifs, plongée dans les rouages d’un équilibre complexe.
Une contraction budgétaire assumée
Le budget du Havre AC pour 2025-2026 reflète un recentrage stratégique. Estimé entre 25 et 30 millions d’euros, il affiche une baisse d’environ 12% par rapport à l’exercice écoulé. Ce resserrement s’explique principalement par la chute brutale des droits télé nationaux, passés de 9 à 4,5 millions d’euros. Une baisse anticipée par le président Jean-Michel Roussier, qui tablait déjà sur un niveau « en dessous des 5 millions ». En revanche, la billetterie reste stable grâce à l’affluence régulière du Stade Océane. Environ 19 000 spectateurs en moyenne ont permis de maintenir les recettes matchday autour des 5 millions.
L’effet Blue Crow : rigueur et restructuration
Arrivé comme actionnaire majoritaire, le fonds Blue Crow impose une discipline financière rigoureuse. Le Havre AC devra fonctionner avec une masse salariale plafonnée à 26 millions d’euros. Cela représente une baisse d’environ 15% par rapport à la saison 2023-2024, où elle avoisinait les 31 millions. Aucune indemnité de transfert ne sera versée, et les salaires seront capés à 40 000 euros par mois. L’encadrement confirmé par la DNCG limite ainsi fortement la marge de manœuvre. Le club devra donc faire preuve d’ingéniosité sur le marché des transferts, misant principalement sur les joueurs libres et les prêts.
Un modèle économique basé sur quatre piliers
Le budget du Havre AC repose sur quatre sources majeures de revenus. D’abord, les droits TV, qui ne représentent plus que 17% du total, loin des standards de la Ligue 1. Ensuite, la billetterie, stable, reste un socle fiable grâce à la fidélité du public havrais. Le troisième pilier concerne le sponsoring, dynamisé par le rebranding opéré par Blue Crow. Le club a réussi à élargir son portefeuille partenaires, générant environ 8,5 millions d’euros. Enfin, le trading de joueurs reste crucial. L’objectif annoncé : engranger 6 millions d’euros de plus-values pour maintenir l’équilibre d’exploitation. Cette stratégie suppose une gestion fine du mercato et la valorisation rapide des jeunes issus du centre de formation.
Une masse salariale sous surveillance
Les dépenses du Havre AC pour 2025-2026 devraient s’élever à environ 41 millions d’euros. La masse salariale, principale charge du club, en représente 63%. Viennent ensuite les coûts de fonctionnement (centre d’entraînement, déplacements) pour 6 millions, suivis des charges sociales et fiscales estimées à 4 millions. Enfin, les amortissements, loyers et frais d’agents constituent le reste du poste budgétaire. Ce découpage traduit une volonté claire de stabiliser la structure tout en limitant les frais annexes.
Les risques d’un modèle sous tension
Le modèle économique du Havre AC, bien que cohérent, reste exposé à plusieurs incertitudes. D’abord, la fragilité du marché des droits TV, notamment via la chaîne Ligue 1+, représente une menace. Si le cap du million d’abonnés n’est pas franchi, le scénario budgétaire central pourrait basculer. Ensuite, la dépendance au trading constitue une ligne de crête. Si les ventes ne répondent pas aux attentes, le déficit structurel pourrait dépasser les 10 millions d’euros. Ce scénario n’est pas nouveau : en 2023-2024, le club affichait déjà un résultat net négatif de –13,6 millions. Enfin, toute baisse de fréquentation ou désengagement commercial pourrait amplifier les tensions.
Une position fragile face aux concurrents
Avec un budget estimé entre 25 et 30 millions, le Havre AC affichera sans doute l’un des deux plus petits budgets de Ligue 1. À titre de comparaison, Brest et Auxerre tablent sur 40 et 34 millions respectivement. Même Angers, pourtant aussi sous encadrement, approche les 24 millions avec une masse salariale proche de 30 millions. Ce différentiel place le HAC dans une posture délicate pour rivaliser sportivement. Il devra compter sur sa cohésion, sa formation et sa discipline tactique pour tenir le cap.
Trois scénarios pour trois destins
Trois trajectoires budgétaires se dessinent selon les évolutions du marché et du sportif. Le scénario pessimiste, avec un échec de la chaîne Ligue 1+, verrait le budget descendre à 24 millions. Dans le cas central, si la LFP atteint son objectif d’un million d’abonnés, le budget du Havre AC atteindrait 27 millions. Enfin, en cas d’accord distributeur ou de ventes réussies, le club pourrait espérer un total avoisinant les 30 millions d’euros. Des projections prudentes, qui seront affinées tout au long de la saison selon les résultats et les revenus réels.
Une stratégie fondée sur la formation et l’adaptabilité
Dans ce contexte, le Havre AC entend miser sur ses fondamentaux. La formation reste un pilier stratégique, avec des profils comme Kechta, Sangante ou Gory, appelés à briller. Le recrutement sera chirurgical, centré sur les opportunités libres ou les jeunes en prêt. L’objectif ? Maintenir un niveau de performance suffisant pour sécuriser le maintien, tout en respectant les règles imposées par la DNCG. La direction sportive espère que le collectif et la stabilité défensive permettront de compenser l’écart économique avec les adversaires.
Conclusion : la rigueur comme levier de stabilité
Le budget du Havre AC pour 2025-2026 traduit une stratégie d’adaptation lucide face aux contraintes économiques actuelles. Si le club reste en quête d’ambitions, il avance avec prudence, conscient des limites imposées par sa structure. Une gestion serrée, un mercato intelligent et une formation performante seront les clés de sa survie en Ligue 1. Reste désormais à voir comment cette stratégie influencera le projet sportif sur plusieurs saisons.
Voir aussi notre article sur : Le budget du Stade Brestois : entre ambition européenne et rigueur financière
