Ce n’est pas qu’un logo. C’est un cri, un drapeau, une identité. Depuis plus d’un siècle, l’écusson du FC Barcelone raconte la Catalogne, ses luttes, ses victoires… et ses cicatrices.

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Le foot, ce n’est pas que des passes, des buts et des trophées. C’est aussi des symboles qui collent à la peau des clubs. Et dans ce domaine, peu d’écussons pèsent aussi lourd que celui du Barça. Plus qu’un dessin, c’est une bannière. Les socios le portent comme un maillot de seconde peau. Retour en arrière pour comprendre comment ce blason est devenu l’un des plus reconnaissables – et les plus chargés de sens – de la planète football.
Aux origines : le blason de la ville (1899-1910)
Pas de chichi à la naissance du club. En 1899, Gamper et ses copains reprennent tout simplement le blason de Barcelone. Un gros losange, une couronne, une chauve-souris perchée en haut… et surtout deux symboles qui vont rester gravés à vie : la croix de Saint-Georges et la Senyera catalane. Déjà, le ton est donné : le Barça ne sera pas un club comme les autres, il portera haut et fort l’identité de sa terre.

1910 : le coup de génie d’un joueur-artiste
Dix ans plus tard, changement de décor. Le club veut sa propre identité. Gamper lance un concours. C’est Carles Comamala, joueur du Barça mais aussi étudiant en médecine et dessinateur, qui sort son chef-d’œuvre. Certains se moquent : « On dirait une marmite ! ». Et pourtant, bingo. Son dessin devient la base de l’écusson que tout le monde connaît aujourd’hui. Un mélange de traditions, de couleurs, de ballon… et de fierté.

Le blason, mode d’emploi
Cinq éléments, pas un de trop. La croix de Saint-Georges, la Senyera, les lettres F.C.B., les bandes blaugrana héritées du FC Bâle, et ce ballon doré qui trône au milieu comme une évidence. Simple ? Oui. Mais diablement efficace. Tout est là : les racines, le nom, le jeu. Le Barça résumé en un seul coup d’œil.
L’ombre de Franco : identité bâillonnée (1940-1974)
Mais attention, l’histoire du logo n’est pas qu’une balade tranquille. Sous Franco, c’est la censure. Le club devient suspect aux yeux du régime, trop catalan, trop indépendant. Résultat : on touche au blason. Les initiales changent, F.C.B. disparaît au profit de C.F.B., les quatre barres rouges de la Senyera sont réduites à deux. Le drapeau catalan est littéralement effacé. Un coup dur. Mais les socios n’oublient pas. Et dès la fin de la dictature, en 1974, l’écusson retrouve ses couleurs et ses lettres. Comme une victoire, cette fois en dehors des terrains.

1975 : place au raffinement
Le foot change, le Barça aussi. En 1975, le logo est retouché, plus équilibré, plus harmonieux. Pas de révolution, mais un lifting bienvenu. Ce blason va traverser les décennies, accompagner Cruyff joueur puis entraîneur, et trôner fièrement sur les maillots de la Dream Team des années 90.

2002 : passage à l’ère numérique
Le nouveau siècle impose de nouvelles règles. Place aux logos clairs, efficaces, adaptés aux écrans. En 2002, Claret Serrahima simplifie tout ça : contours épurés, couleurs plus vives, suppression des points entre F.C.B. Résultat : un logo moderne, facile à reconnaître, qui s’exporte partout. À ce moment-là, le Barça devient une marque mondiale autant qu’un club de foot.

2018 : la révolte des socios
Et ce n’est pas tout. En 2018, la direction tente de pousser le curseur plus loin. Projet : supprimer carrément les lettres F.C.B., réduire les rayures, agrandir le ballon. En clair : un logo ultra-minimaliste. Mais là, patatras. Les socios montent au créneau. Pas question d’effacer les initiales ! Pour eux, c’est toucher au cœur même de l’identité. Résultat : projet enterré, logo sauvé. Un rappel que le blason appartient d’abord au peuple blaugrana.

Un drapeau, pas un dessin
Le logo du Barça, c’est plus qu’une image. C’est un manifeste. Pendant des décennies, il a été brandi comme un drapeau de résistance dans les tribunes du Camp Nou. Aujourd’hui encore, il garde cette force. Modifier ce blason ? Impossible sans déclencher une tempête. Parce que le Barça, comme le dit sa devise, c’est « Més que un club ».
Des couleurs calibrées au millimètre
Pour la petite histoire, même les couleurs ont été codifiées officiellement. Du Pantone pour chaque détail : rouge pour la croix, jaune pour la Senyera, bleu et grenat pour les bandes, doré pour le ballon. Rien n’est laissé au hasard. Parce qu’un logo, ça se respecte comme un hymne.
Un symbole éternel
125 ans plus tard, le blason du Barça est l’un des plus intacts du football européen. Depuis Comamala, la structure n’a pas changé. Seuls les traits se sont affinés. Et c’est bien là sa force : continuité, fierté, histoire. Dans un football où tout va vite, le logo du Barça reste ce phare immuable, ce signe de ralliement. Et ce n’est pas demain que les supporters accepteront de le voir disparaître.
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