La méthode Roberto De Zerbi : analyse complète

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Roberto De Zerbi bouscule les certitudes du football. Son approche unique séduit autant qu’elle dérange. Décortiquons ensemble la méthode Roberto De Zerbi.

La méthode Roberto De Zerbi : analyse complète

Crédits : IMAGO/PRESSE SPORTS

Roberto De Zerbi n’aime pas qu’on l’appelle philosophe du jeu. Il préfère parler d’instinct, d’envie et de passion. L’Italien a forgé son identité tactique en mélangeant ses idées à celles de Pep Guardiola et Marcelo Bielsa. Pas étonnant que Guardiola l’ait qualifié d’entraîneur influent des vingt dernières années. Mais que cache réellement la méthode Roberto De Zerbi ? Derrière le style spectaculaire, se cache une science du détail où chaque passe, chaque positionnement, chaque geste compte. Et ce n’est pas tout, son approche est bien plus qu’une simple animation offensive.

Une philosophie née de la rue

Tout commence par une idée simple : le ballon doit rester une source de plaisir. De Zerbi répète à ses joueurs de se rappeler l’enfance, les terrains poussiéreux, où le bonheur résidait dans la possession. Cette philosophie irrigue son travail au quotidien. Elle guide ses choix tactiques, pousse ses équipes à garder le contrôle et à jouer avec audace. Mais attention, derrière cette vision romantique se cache une exigence extrême.

L’art de l’aspiration

Le cœur de la méthode Roberto De Zerbi réside dans l’art d’attirer le pressing. Plutôt que de l’éviter, il le provoque. Les passes courtes et carrées deviennent des appâts. Le gardien, utilisé comme troisième central, participe à ce jeu dangereux. Le contrôle avec la semelle crée l’ambiguïté et garde toutes les options ouvertes. C’est une mécanique millimétrée, répétée à l’entraînement jusqu’à l’obsession. L’objectif ? Libérer des espaces derrière le pressing, et les exploiter avec vitesse.

Construire sans trembler

Brighton a été l’équipe qui a fait le plus de passes dans sa propre surface. Plus de 1800 sur une saison, un record en Premier League. Cela peut sembler suicidaire, mais pour De Zerbi, c’est une conviction. 52,5% des passes des Seagulls étaient jouées dans leur propre moitié. Des chiffres qui montrent une radicalité assumée. Ses équipes privilégient le risque pour créer le décalage. La possession n’est pas une fin, mais un outil.

Des schémas flexibles mais précis

Le 4-2-3-1 reste son système de base, celui qu’il utilise depuis Foggia. Mais avec ballon, sa structure devient un 2-4-4. Les latéraux restent bas, proches des centraux. Le double-pivot assure les rotations. Devant, quatre joueurs offensifs s’élancent ensemble. À Marseille, De Zerbi a confié que la défense à trois serait plus adaptée. Kondogbia, Balerdi et Murillo formaient alors une base solide. Greenwood, lui, bénéficiait d’une liberté totale derrière l’attaquant. Une preuve de son pragmatisme : il adapte toujours ses idées à ses joueurs.

Les clés offensives

Chez De Zerbi, pas question de dribbles solitaires. Le jeu s’appuie sur les triangles, les remises et les appuis-soutiens. Brighton affichait la plus faible distance moyenne de passes en Premier League : seulement 14,9 mètres. Une statistique révélatrice d’une approche courte et collective. L’objectif est clair : créer des supériorités numériques, provoquer des 3 contre 2 ou 2 contre 1. Offensivement, ses équipes occupent toute la largeur. Ailiers hauts, faux-pieds qui rentrent, attaquant qui décroche. Tout est pensé pour étirer puis fissurer les défenses adverses.

Défendre en avançant

La méthode Roberto De Zerbi ne se limite pas à attaquer. Sa défense est haute, parfois risquée, mais toujours agressive. Le contre-pressing est une obligation. Dès la perte du ballon, l’équipe doit se ruer pour le récupérer. Pas d’attente, pas de recul. « Une équipe qui recule est une équipe qui va perdre le ballon », répète-t-il. Mais ce choix peut exposer, surtout si la synchronisation n’est pas parfaite. On l’a vu à certaines occasions, ses équipes peuvent souffrir quand l’intensité baisse.

Des entraînements au millimètre

Sur le terrain d’entraînement, De Zerbi impose son caractère volcanique. « J’ai le sang chaud ! » avoue-t-il. Ses séances sont courtes mais intenses. La qualité technique est non négociable. Si un principe est mal appliqué, il arrête immédiatement. Ses explications passent en italien, anglais ou espagnol, pour être comprises de tous. La répétition est reine. Les circuits sont répétés jusqu’à la perfection, parfois en une touche. Les courses sont préparées dans le moindre détail. L’exigence est totale, la précision obsessionnelle.

Crédits : IMAGO/Shutterstock

Des résultats concrets

Ses idées ne sont pas de simples concepts théoriques. À Sassuolo, il a installé le club dans la première moitié de Serie A. Record de points, record de buts, constance impressionnante. Au Shakhtar, il a dominé le championnat ukrainien avant l’arrêt. Et à Brighton, il a écrit l’histoire. Sixième place, première qualification européenne, record de buts inscrits. Son équipe était la quatrième de Premier League en tentatives de tirs. Pas mal pour un club souvent promis au maintien.

L’aventure marseillaise

À l’OM, De Zerbi a imposé sa patte dès les premières semaines. Plus de 60% de possession moyenne, une attaque prolifique, des buteurs variés. Aubameyang, Koné, mais aussi de jeunes talents ont brillé. Ses choix tactiques ont permis de diversifier les menaces. Toutefois, le défi reste immense. Adapter un effectif à ce style demande du temps. Certains joueurs doivent s’habituer à des exigences rarement vues en Ligue 1. Mais le chemin est tracé, et l’OM a retrouvé une identité claire.

La méthode Roberto De Zerbi

La méthode Roberto De Zerbi n’est pas qu’une histoire de chiffres ou de schémas. C’est une approche globale, une obsession pour le ballon, une volonté d’imposer son rythme. Ses équipes séduisent autant qu’elles effraient, car elles refusent la facilité. Et au-delà des résultats, De Zerbi a redonné une âme aux clubs qu’il a dirigés. La suite ? Peut-être un jour, l’expérience dans un club capable de viser les plus grands trophées.

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