L’hypothèse d’une Coupe du Monde 2030 à 64 équipes est sur la table. Une idée qui fascine certains, effraie d’autres, et qui pourrait redéfinir l’avenir du tournoi le plus suivi au monde.

Crédits : Jules Couzard
La FIFA n’en est pas à son premier élargissement, mais celui-ci marquerait un tournant majeur. Derrière ce projet se cachent des enjeux symboliques, économiques et politiques, sans oublier une farouche opposition européenne. L’équilibre du football mondial est en jeu.
Une proposition qui vient du Sud
C’est en Amérique du Sud que le dossier a pris forme. Alejandro Domínguez, président de la CONMEBOL, a officiellement présenté le projet à New York, en présence de Gianni Infantino. Soutenu par les présidents du Paraguay et de l’Uruguay, ainsi que par des figures comme Chiqui Tapia ou Robert Harrison, le plan est clair : offrir une dimension exceptionnelle au centenaire de la Coupe du Monde. Et ce n’est pas tout. Cette extension garantirait une place automatique aux dix nations sud-américaines. De quoi donner au Venezuela une opportunité historique d’entrer dans le grand bain mondial.
Le poids du centenaire
L’argument est symbolique et il frappe fort. Organiser un tournoi à 64 équipes en 2030, c’est transformer le centenaire en un événement unique. Comme l’a dit Domínguez, une telle occasion ne se présentera qu’une fois. Pour l’Amérique du Sud, c’est la chance de mettre le football au cœur de son histoire, au-delà des trois simples matchs inauguraux actuellement prévus.
Une Coupe du Monde éclatée sur trois continents
Même sans extension, le Mondial 2030 sera déjà inédit. Trois continents, six pays, et une organisation morcelée. L’Espagne, le Portugal et le Maroc accueilleront la majorité des rencontres, tandis que l’Uruguay, l’Argentine et le Paraguay ouvriront le bal avec des matchs commémoratifs. Le calendrier est serré : débuts en juin, finale prévue en juillet. Le défi logistique est immense, d’autant plus avec un format à 64 équipes.
Des stades taillés pour l’événement
Le projet repose sur une impressionnante liste d’infrastructures. En Espagne, onze stades sont prévus, dont le Camp Nou rénové et le Santiago Bernabéu flambant neuf. Le Maroc mise sur six enceintes, avec notamment le futur stade Hassan II de Benslimane, annoncé à 115 000 places. Le Portugal, lui, concentrera ses matchs à Lisbonne et Porto. Un réseau de 23 stades pour porter la compétition, mais serait-ce suffisant pour 128 rencontres ?
Le jackpot attendu par la FIFA
Derrière l’idée se cache évidemment un enjeu financier colossal. Le passage de 32 à 48 équipes promet déjà 600 millions d’euros de recettes supplémentaires. Avec 64 équipes, les chiffres exploseraient. Droits TV, sponsoring, billetterie : tout grimperait. Plus de matchs, plus de revenus, plus de visibilité. Pour la FIFA, c’est une aubaine. Mais attention, ce calcul n’oublie pas les risques.
L’opposition ferme de l’Europe
Face à ce projet, l’UEFA brandit son veto. Aleksander Čeferin a tiré à boulets rouges sur cette idée qu’il juge néfaste. Selon lui, la qualité du tournoi en pâtirait, le calendrier deviendrait ingérable et les qualifications européennes perdraient leur sens. Et il n’est pas seul. Victor Montagliani, président de la CONCACAF, a également exprimé ses doutes. Même l’Asie craint un engrenage sans fin, avec le spectre d’un jour voir 132 équipes.
Des formats encore flous
Si la FIFA dit oui, quel format adopter ? Plusieurs scénarios circulent. Le plus simple : 16 groupes de 4 équipes. Mais d’autres pistes existent : 8 groupes de 8, ou des phases de qualification élargies. Chaque option rallonge la durée du tournoi, complique le calendrier et oblige à repenser l’ensemble de la logistique. Plus de voyages, plus de stades, plus de contraintes.
Une progression sans fin
Ce projet s’inscrit dans une tendance lourde. Depuis 1930, le nombre d’équipes n’a cessé de croître. D’abord 13, puis 16, 24, 32, et bientôt 48. Le Mondial n’a jamais cessé de s’ouvrir, et l’idée des 64 équipes ne fait que prolonger cette logique. Mais jusqu’où peut-on aller sans dénaturer la compétition ?
Infantino, toujours plus loin
Gianni Infantino, artisan de l’élargissement à 48 équipes, semble séduit par la perspective d’aller encore plus loin. Ses mots sont clairs : offrir au monde un événement inoubliable. Sa vision est celle d’un football global, inclusif, accessible. Mais ses adversaires y voient surtout une machine à cash et une dilution du prestige.

Crédits : Пресс-служба Президента России
Le flou des prochaines étapes
Rien n’est encore tranché. La FIFA doit étudier la faisabilité dans les prochains mois. Tout reste ouvert : acceptation des confédérations, contraintes logistiques, équilibre sportif. La décision finale pourrait bien redessiner le paysage du football mondial. Mais ce qui est sûr, c’est que le débat est lancé et qu’il ne laissera personne indifférent.
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