Le terme « Farmers League » est devenu un sujet brûlant dans le paysage footballistique européen. Né sur les réseaux sociaux anglais, il vise la Ligue 1 française avec une ironie mordante.

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D’un côté, il caricature le championnat comme un terrain de jeu mineur. De l’autre, il souligne la réputation de la France comme vivier de talents. Mais ce surnom cache une réalité plus complexe.
Comment est née l’expression
L’expression « Farmers League » est apparue au milieu des années 2010. Les supporters anglais l’utilisent pour railler la Ligue 1, considérée comme moins compétitive que la Premier League. Le terme s’appuie sur deux idées principales. La première : la France produit et vend ses jeunes pépites aux grands clubs européens, comme un fermier vend sa récolte. La seconde, plus moqueuse : les stars du PSG affronteraient chaque week-end des « paysans », un cliché grossier sur le niveau supposé faible du championnat.
La domination du PSG, un argument clé
Les détracteurs insistent sur un fait indiscutable : l’hégémonie parisienne. Le PSG a raflé dix titres en douze saisons, laissant peu de suspense. Cette domination nourrit l’image d’un championnat déséquilibré. Le problème ? Les critiques oublient que d’autres ligues connaissent aussi des dynasties. La Bundesliga a longtemps été écrasée par le Bayern. La Serie A a vécu l’ère Juventus. Mais le regard se porte presque exclusivement sur la Ligue 1.
Une réputation forgée par les clichés
Thierry Henry a lui-même reconnu que la Ligue 1 souffrait d’une image défensive et frileuse. Pendant longtemps, le spectacle n’était pas la priorité. Mais réduire le championnat français à une caricature est injuste. Patrice Evra le rappelle : les Anglais ne regardent pas la Ligue 1, mais ils respectent les clubs français lorsqu’ils les affrontent en Europe. Le paradoxe est frappant : la Premier League se fournit abondamment en talents de Ligue 1 tout en dénigrant son niveau.
Les clubs français, terrain de chasse des grands
Il suffit de regarder les transferts récents pour comprendre. Les clubs anglais recrutent chaque été en France. Des joueurs comme Kanté, Mahrez ou Saliba sont devenus des références mondiales après avoir été formés ou révélés en Ligue 1. Et ce n’est pas tout : les centres de formation français sont considérés parmi les meilleurs du monde. La fameuse « Farmers League » est donc, paradoxalement, une terre fertile pour le football mondial.
Quand la « Farmers League » fait taire les critiques
Luis Enrique, entraîneur du PSG, a récemment utilisé l’ironie pour répondre aux moqueries. Après avoir éliminé Liverpool, Aston Villa et Arsenal en Ligue des Champions, il a lancé avec un sourire : « La Farmers League ! Mais parfois, c’est bien. » Une réplique piquante qui fait écho aux performances parisiennes contre les mastodontes anglais. De plus, des joueurs comme Tyler Morton, arrivé de Liverpool à Lyon, insistent sur l’intensité et la qualité de la Ligue 1.
Les résultats européens comme réponse
Sur la scène européenne, la Ligue 1 a longtemps souffert d’un manque de résultats. Depuis le sacre de l’OM en 1993, aucune Ligue des Champions n’est revenue en France jusqu’en 2025. Mais la tendance évolue. Le PSG tire la France vers le haut, représentant à lui seul près d’un quart des points UEFA du pays. Derrière, Brest, Lille, Monaco et Lyon multiplient les parcours encourageants. La saison 2024-2025, marquée par des victoires contre des clubs anglais, a commencé à redorer l’image du championnat.
Un football plus spectaculaire
Thierry Henry le souligne : la Ligue 1 a changé. Le temps du « 0-0 solide » semble révolu. Aujourd’hui, de nombreux entraîneurs misent sur le pressing haut et l’intensité offensive. Clermont, Lens, Angers ou Troyes osent attaquer et produire du spectacle. Les matchs sont plus ouverts, les retournements de situation plus fréquents. Le public retrouve le goût du jeu et la Ligue 1 gagne en attractivité.
L’écart économique, un frein durable
Reste un gouffre immense avec la Premier League. Les droits TV anglais dépassent les 6 milliards d’euros par an, contre 1,3 milliard pour la Ligue 1. Cette différence explique beaucoup : moins de visibilité internationale, moins de stars retenues, moins de moyens pour concurrencer les grands clubs. Mais cet écart économique renforce aussi le rôle de la Ligue 1 comme championnat formateur, exportant ses pépites aux quatre coins de l’Europe.
Une étiquette qui se retourne
La « Farmers League » devait ridiculiser la Ligue 1. Pourtant, le terme se retourne peu à peu contre ses utilisateurs. À force de voir les clubs français faire tomber des géants anglais, l’insulte devient presque un symbole de fierté. Le PSG, Monaco ou Brest rappellent que la Ligue 1 sait cultiver des équipes capables de rivaliser au plus haut niveau. Derrière le cliché, c’est toute une identité footballistique qui s’affirme.
Et si demain, la « Farmers League » n’était plus une moquerie mais un label respecté, symbole d’un championnat qui nourrit le football mondial ? Une question qui ouvre sur un autre débat : celui de la place réelle de la Ligue 1 dans la hiérarchie européenne.
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