L’Arabie Saoudite s’offre un poids lourd du gaming. Le 29 septembre 2025, le royaume a frappé un énorme coup avec le rachat d’Electronic Arts pour 55 milliards de dollars. Ce mouvement sans précédent ne concerne pas seulement les gamers. Il touche aussi directement l’univers du football, virtuel comme réel.

Crédits : BrokenSphere
Le rachat d’Electronic Arts n’est pas un simple deal financier. Il s’agit d’un basculement stratégique qui redessine les cartes de l’industrie. Derrière les chiffres, les clubs, les jeux et les joueurs, se cache une vision ambitieuse qui va bouleverser les équilibres mondiaux.
Une Opération Financière Hors Norme
Trois géants mènent l’opération : le Fonds Public d’Investissement saoudien (PIF), Silver Lake et Affinity Partners, dirigé par Jared Kushner. Le PIF avait déjà 9,9 % des parts d’EA. Avec ce rachat, il devient le grand patron. Plus de 36 milliards de fonds propres viennent s’ajouter à 20 milliards empruntés grâce à JPMorgan Chase. Les actionnaires ont souri : 210 dollars par action, soit 25 % au-dessus du cours initial. EA sortira du Nasdaq en 2027, tirant un trait sur 36 années de cotation.
EA Sports FC au Cœur du Projet
L’ancienne série FIFA, rebaptisée EA Sports FC, est l’élément central du deal. Un jeu qui touche des millions de fans, du joueur occasionnel au pro des compétitions en ligne. L’Arabie Saoudite l’a bien compris : ce contrôle offre une vitrine unique. Après Newcastle United, la Supercoupe d’Espagne et la candidature au Mondial 2034, Riyad s’attaque au football virtuel. On parle déjà d’intégrer les stades de Riyad et Djeddah dans le jeu. Les stars comme Cristiano Ronaldo et Neymar, déjà dans le championnat saoudien, pourraient y briller encore plus. Objectif clair : donner une image attractive du foot saoudien à travers les manettes du monde entier.
La Vision 2030 en Pleine Action
Derrière cette acquisition, on retrouve Vision 2030, le plan stratégique du prince héritier Mohammed Ben Salman. L’idée : sortir de la dépendance au pétrole et miser sur le gaming. Création de 39 000 emplois, ouverture de 250 studios, et un objectif de 13 milliards injectés dans le PIB d’ici 2030. Le PIF a mis en place Savvy Games Group avec une enveloppe de 38 milliards pour les rachats. ESL, Faceit ou Scopely sont déjà tombés dans l’escarcelle saoudienne. Avec EA, la boucle se rapproche de la complétude.
Jared Kushner, Une Dimension Géopolitique
Jared Kushner, gendre de Donald Trump, n’est pas là par hasard. Son fonds Affinity Partners, financé en grande partie par le Golfe, fait le lien avec Washington. Sa présence facilite les approbations réglementaires côté américain. Ce n’est donc pas seulement un deal économique, mais un jeu diplomatique de haute volée.
Les Risques et les Ombres au Tableau
Mais tout n’est pas rose. Le financement par dette inquiète. Vingt milliards, cela pèse lourd. Des licenciements massifs pourraient frapper les studios d’EA. Jason Schreier, journaliste spécialisé, alerte sur une monétisation accrue et des coupes budgétaires brutales. L’historique des LBO ne rassure pas. Et ce n’est pas tout. La censure plane. Dans Les Sims, certains contenus liés aux relations LGBT+ risquent de disparaître. L’empreinte culturelle conservatrice de Riyad pourrait remodeler les futurs jeux. Enfin, l’accusation de « gameswashing » revient sans cesse. Après le « sportswashing », voilà une nouvelle arme de communication pour lisser une image ternie par des affaires politiques et diplomatiques.
L’Esports Sous Pavillon Saoudien
Le royaume ne cache pas son ambition d’être numéro un mondial. Il organise déjà la Coupe du Monde d’esports avec une dotation record de 70 millions de dollars. En 2027, il accueillera les premiers Jeux Olympiques d’esports. Avec EA et ses licences sportives, Riyad contrôle désormais une partie essentielle de la scène compétitive. Qiddiya City, près de Riyad, est pensée comme un temple du jeu vidéo. Dix millions de visiteurs par an sont attendus, avec l’incubation de 30 studios. Le message est clair : l’Arabie Saoudite veut être incontournable.
Une Nouvelle Carte du Gaming Mondial
Avec EA dans sa poche, le royaume rivalise directement avec les États-Unis et le Japon. Nintendo, Capcom, Take-Two, Activision : le PIF a déjà des billes partout. Mais cette fois, le pas est bien plus grand. L’équilibre mondial du gaming bascule. Tokyo et la Silicon Valley voient arriver un concurrent inattendu et extrêmement riche.
Réactions et Doutes
Les actionnaires applaudissent. Mais la communauté gaming reste méfiante. Travis Gafford, figure de l’esports, a déjà annoncé son boycott des événements saoudiens. Trop d’instrumentalisation, trop de politique derrière les pixels. L’enthousiasme des uns se heurte à l’inquiétude des autres. Les studios et les joueurs craignent pour leur indépendance créative. Et au milieu, un football virtuel qui pourrait changer de visage.
Un Football Virtuel sous Influence
Le rachat d’Electronic Arts par l’Arabie Saoudite marque un tournant. Le foot virtuel, longtemps neutre, devient un outil politique. Le royaume avance ses pions sur tous les terrains, du gazon réel aux écrans des consoles. Les prochaines années diront si ce pari colossal tient ses promesses ou finit par exploser en plein vol. Le football, lui, reste au centre du jeu, et l’avenir pourrait bien nous réserver un nouveau chapitre encore plus surprenant.
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