Les joueurs de l’OM passent la nuit en prison avec la Coupe de France : Une victoire historique… et une nuit d’anthologie

Le 5 mai 1935, l’Olympique de Marseille écrit une nouvelle page dorée de son histoire. Au stade Yves-du-Manoir de Colombes, les Phocéens s’imposent 3-0 face au Stade Rennais et remportent leur quatrième Coupe de France. Mais cette soirée de gloire va virer à l’incroyable. Car oui, quelques heures après avoir soulevé le trophée, les Marseillais vont finir la nuit derrière les barreaux… avec la Coupe de France à leurs côtés.
Le triomphe de Colombes
40 000 spectateurs sont venus assister à cette finale entre Marseille et Rennes. Le match tourne rapidement à l’avantage des Olympiens. Charles Roviglione ouvre le score à la 34e minute. Vilmos Kohut double la mise quatre minutes plus tard. Puis, Jean Laurent, malheureux défenseur rennais, enfonce le clou contre son camp avant la pause. Le coup parfait. Max Charbit, capitaine marseillais, soulève le “Trophée Charles Simon” sous les acclamations. L’OM rejoint le Red Star au palmarès, avec quatre victoires en Coupe de France. L’équipe respire la joie, la fraternité, la fierté d’un groupe uni et cosmopolite. Des Provençaux, des Hongrois, des joueurs venus d’outre-mer. Une vraie mosaïque victorieuse.

Paris s’embrase
Le devoir médiatique accompli, les Phocéens décident de prolonger la fête. Direction Paris, la ville lumière, encore animée après la finale. On a bien mangé, bien bu, et l’ambiance est à la rigolade. Coupe en main, les héros marseillais sillonnent les rues de la capitale, chantant à tue-tête leur exploit. L’image est belle : des gars du Sud célébrant leur triomphe dans le cœur de Paris. Mais l’euphorie va vite tourner au vinaigre. En traversant la ville, les joueurs croisent une bande de noctambules aussi éméchés qu’eux. Les regards s’échauffent, les mots fusent. Puis les poings partent. En quelques secondes, la soirée de gloire bascule dans le chaos.
Quand la fête tourne au cauchemar
Les coups pleuvent, la tension monte, et les cris attirent la police. Le “panier à salade” débarque, sirène hurlante. Les agents découvrent un groupe d’hommes bruyants, surexcités, et au milieu d’eux… une Coupe de France. Les joueurs tentent d’expliquer qu’ils viennent de la gagner, qu’ils ne sont pas des voyous. Mais les policiers, dépassés par la scène, n’entendent rien. L’ordre tombe : embarquez tout le monde. Max Charbit proteste, en vain. Le trophée reste dans ses bras, symbole d’une victoire qu’il refuse de lâcher. Le fourgon file dans la nuit parisienne, direction le commissariat. Une image surréaliste : l’équipe championne de France de la soirée, enfermée derrière les barreaux avec la Coupe.
La Coupe derrière les barreaux : les joueurs de l’OM passent la nuit en prison avec la Coupe de France
Dans la cellule, les Marseillais réalisent l’ampleur du gag. Les visages s’assombrissent, mais les rires finissent par reprendre. « On la ramènera à Marseille, même depuis la taule », plaisante l’un d’eux. Charbit, fidèle à son rôle de capitaine, garde la Coupe serrée contre lui. Personne ne touche au trophée. Le symbole est trop fort. Les appels téléphoniques s’enchaînent. On tente de joindre les dirigeants du club, sans succès. Les joueurs, fatigués et hilares, finissent par s’endormir à même le sol, la Coupe servant presque d’oreiller. Une scène d’un autre temps, improbable et pourtant vraie.
Le sauveur inattendu : Fernand Bouisson
Mais au petit matin, une silhouette inattendue franchit la porte du commissariat. Fernand Bouisson, président de la Chambre des Députés, entre en scène. Homme politique influent, mais surtout amoureux de l’OM, il a été averti de la mésaventure. Cet ancien rugbyman, qui porta jadis les couleurs de l’Olympique de Marseille, n’a pas hésité une seconde. Il se déplace en personne, convaincu que ses protégés méritent mieux qu’une nuit en cellule. Devant les policiers médusés, Bouisson plaide la cause des joueurs. Quelques minutes plus tard, les portes s’ouvrent. Les Marseillais sortent libres, trophée en main, sourire retrouvé. Une libération digne d’un film, avec un héros en costume trois pièces.
Un secret bien gardé
L’histoire aurait pu disparaître dans les méandres du temps. Mais cinquante ans plus tard, Max Charbit brise le silence. En 1985, il confie l’anecdote au journaliste Alain Pécheral dans les colonnes du Provençal. L’ancien capitaine raconte avec émotion cette nuit folle où l’OM a dormi en prison avec la Coupe de France. Il en rit encore. « On avait gagné, et on n’avait rien perdu, pas même notre humour », confie-t-il. L’anecdote révèle un visage humain du football d’autrefois. Celui où les joueurs, encore amateurs dans l’âme, vivaient leur passion sans filtre ni protocole.
Le goût du risque et de la légende
Au fond, cette nuit-là incarne l’OM dans toute sa démesure. Passion, fierté, excès. L’histoire de ce club, c’est celle d’hommes capables du meilleur comme du pire, toujours animés par une même flamme. Même dans l’erreur, ils laissent une trace. Et cette Coupe de France 1935 reste plus qu’un trophée : un symbole de folie marseillaise, d’insouciance et d’amour du maillot. Une victoire transformée en légende de comptoir, contée de génération en génération.
Héritage d’une nuit inoubliable
Cette aventure ne devait être qu’une ligne au palmarès. Elle est devenue un chapitre entier de l’histoire olympienne. Le genre d’anecdote qui fait sourire, mais aussi réfléchir sur ce qu’était le football d’hier. Un sport d’hommes simples, parfois maladroits, mais toujours sincères. À travers cette nuit en prison avec la Coupe de France, l’OM a prouvé qu’il savait tout vivre à fond, même l’imprévu. Et au fond, c’est peut-être ça, la vraie identité marseillaise.

Cette histoire unique, redécouverte des décennies plus tard, rappelle à quel point l’OM reste un club à part. Entre gloire et folie, entre triomphe et imprévu. Et quand on connaît la passion qui brûle encore aujourd’hui sur la Canebière, on se dit qu’une telle nuit en prison avec la Coupe de France, pourrait presque se reproduire… à sa manière.
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