Classement du Ballon d’Or : un système de vote truqué ?

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Le classement du Ballon d’Or alimente chaque année tensions, soupçons et accusations. Les dérives révélées par plusieurs témoins interrogent la légitimité du scrutin, son équilibre et son impact sur la plus grande récompense individuelle du football. Entre votes modifiés, journalistes fantômes et décisions incompréhensibles, les doutes persistent sur un trophée censé couronner l’excellence, mais rattrapé par la polémique.

Le mystère autour du classement du Ballon d’Or fascine autant qu’il divise. À mesure que les éditions s’enchaînent, les incohérences s’accumulent et nourrissent un débat brûlant : le système est-il réellement fiable ? Beaucoup en doutent, et les témoignages s’empilent.

Classement du Ballon d’Or : un système de vote truqué ?

L’atmosphère autour du scrutin ressemble parfois à une enquête à ciel ouvert. Les versions se croisent, les incohérences émergent, et les acteurs eux-mêmes reconnaissent la difficulté de défendre un système aussi poreux. Mais attention : ce débat n’est pas nouveau. Il accompagne le trophée depuis plus d’une décennie, avec des épisodes marquants qui continuent de hanter l’histoire du football.

Des votes modifiés : les scandales qui ont frappé le trophée

Le scrutin du Ballon d’Or a déjà été secoué par des accusations lourdes. En 2013, Juvenal Edjogo dénonce une manipulation de son bulletin. Il affirme avoir voté pour Drogba et Iniesta, mais découvre que son vote publié indique Messi et Cristiano Ronaldo. Une révélation qui secoue le monde du football. Sa phrase résonne encore : « Ces récompenses n’ont aucune valeur ».

Et ce n’est pas tout. En 2012, d’autres joueurs et sélectionneurs évoquent le même phénomène. Thiago Silva affirme avoir voté pour Cristiano Ronaldo, mais voit Messi apparaître sur son bulletin final. Tomas Rosicky jure avoir placé Mario Balotelli, pourtant absent du décompte public. Paulo Duarte, Pekerman et Lukasz Piszcek rapportent des irrégularités similaires. Des cas isolés ? Pas vraiment. Une accumulation troublante.

En 2018, un journaliste de Trinité-et-Tobago, Lasana Liburd, découvre que son vote a également été modifié. France Football l’aurait crédité d’un classement différent de celui qu’il dit avoir envoyé. Pour un trophée d’une telle portée, ces défaillances interrogent profondément.

Journalistes fantômes et vérifications douteuses : une faille béante

L’un des épisodes les plus embarrassants éclate en 2018. Un certain Abdou Boina, présenté comme journaliste comorien, participe au vote. Problème : personne ne connaît cet homme aux Comores. Le média auquel il est affilié aurait cessé d’exister six ans auparavant. L’affaire prend une ampleur considérable lorsque des journalistes locaux confirment n’avoir jamais entendu parler de lui.

France Football se défend en évoquant une confusion de noms et un compte email mal interprété. Pas suffisant pour dissiper le malaise. L’affaire met en lumière une faille essentielle : l’absence de contrôle strict sur l’identité des votants. Pour un trophée qui prétend à l’excellence, cette permissivité choque. Et pour cause : comment garantir la légitimité d’un classement si certains votants sont introuvables ?

Des choix incohérents qui interrogent la crédibilité du classement

Chaque année, certains bulletins révèlent des choix surprenants, parfois totalement détachés de la saison disputée. En 2024, le journaliste du Salvador place Jude Bellingham en tête, Toni Kroos troisième, et exclut totalement Vinicius du top 10. Le même votant avait déjà proposé une liste invraisemblable en 2021, avec Raheem Sterling deuxième.

Les votes albanais, finlandais ou namibiens étonnent également. Vinicius, considéré comme l’un des favoris, est placé hors du top 10 dans trois pays seulement. Le journaliste nigérian met Ademola Lookman à la première place, choix très nationaliste, assumé ou non. En Norvège, Haaland ne figure même pas dans le top 10 national.

Pourtant, certains expliquent leurs décisions. Le journaliste chilien justifie l’absence de Vinicius ou Bellingham par des pertes de ballons et des compétitions internationales jugées insuffisantes. Des critères qui montrent à quel point la subjectivité domine.

Cette diversité pourrait être une richesse. Mais la répétition de classements incohérents nourrit l’impression d’un système déconnecté du terrain.

La prolongation du vote 2013 : l’épisode qui a tout changé

2013 reste l’une des éditions les plus controversées. La FIFA et France Football décident de prolonger la période de vote de deux semaines, officiellement faute de réponses suffisantes. Mais cette prolongation intervient juste après le triplé historique de Cristiano Ronaldo face à la Suède, performance décisive pour la qualification au Mondial.

Un concours de circonstances ? Pas pour tout le monde. Plusieurs observateurs, dont un journaliste espagnol réputé, estiment que ce report a clairement influencé le résultat final en faveur de Cristiano Ronaldo. Au détriment de Franck Ribéry, pourtant auteur d’une saison parfaite.

Les critiques fusent. On accuse la FIFA d’avoir voulu apaiser sa relation avec la star portugaise après des propos moqueurs de Sepp Blatter. Ribéry parle encore aujourd’hui d’une “injustice totale”.

Cet épisode reste gravé dans la mémoire collective. Il nourrit encore aujourd’hui les suspicions de manipulation.

Un collège de votants opaque et très contesté

La composition du panel joue un rôle crucial dans la perception du trophée. France Football sélectionne 100 journalistes issus des 100 premiers pays au classement FIFA. Un principe simple en apparence. Mais la sélection des journalistes eux-mêmes manque de clarté.

Le président du Real Madrid, Florentino Pérez, critique vivement la présence de votants méconnus, affirmant que certains bulletins “sans reconnaissance” auraient privé Vinicius du Ballon d’Or 2024. Une prise de position qui provoque une réponse cinglante du journaliste namibien Sheefeni Nicodemus, dénonçant une vision “méprisante” et “discriminante”.

Cet échange met en lumière un problème profond : la légitimité des votants n’est pas reconnue de la même manière dans tous les pays. Et cette disparité alimente les doutes autour du classement final.

Classement du Ballon d’Or

Une subjectivité assumée par France Football

Le scrutin repose sur trois critères : performances individuelles, performances collectives, classe et fair-play. Sur le papier, ces critères semblent clairs. Mais leur application reste extrêmement variable.

Pierre Ménès critique le système, estimant qu’un votant des Îles Caïmans possède autant de poids qu’un journaliste anglais, ce qui lui semble aberrant. Le journaliste Alain Denis Ikoul rappelle que le vote peut être guidé par des préférences personnelles, des rivalités historiques ou des affinités stylistiques.

Vincent Garcia, patron de France Football, assume cette diversité. Il estime que les votants peuvent suivre leur cœur. Une déclaration sincère, mais qui ouvre la porte à une subjectivité totale et parfois déstabilisante.

Tentatives d’influence : l’affaire Gardner relance la méfiance

En 2025, une tentative d’influence éclate au grand jour. Le journaliste australien Neal Gardner reçoit une proposition rémunérée pour promouvoir Ousmane Dembélé via des tweets. Une agence de communication indienne aurait tenté une campagne hasardeuse, finalement attribuée à une stagiaire maladroite.

Même si cette affaire n’implique ni le joueur ni le club, elle révèle la possibilité d’actions discrètes visant à influer sur l’opinion et potentiellement sur le vote. Un signal d’alarme pour un scrutin censé être irréprochable.

Un système moins opaque depuis 2016, mais toujours fragile

Depuis la fin du partenariat FIFA-France Football en 2016, les règles ont été simplifiées. Seuls les journalistes votent, et les bulletins sont publiés intégralement. Une avancée notable en matière de transparence.

Pourtant, les doutes demeurent. Le scrutin 2024, très serré entre Rodri et Vinicius, ravive les accusations. Malgré la défense de France Football, la proximité des scores entretient la suspicion, surtout avec les voix divisées au sein même du Real Madrid.

Le système n’est pas forcément truqué. Mais il montre des failles.

Un trophée prestigieux qui a besoin d’être modernisé

Le Ballon d’Or conserve un prestige immense. Mais pour dissiper les doutes, plusieurs pistes émergent naturellement : meilleure sélection des votants, vérification rigoureuse de leur identité, pondération des votes, lutte contre les influences extérieures, formation sur les critères.

Des mesures qui pourraient redonner de la sérénité à un trophée devenu trop souvent source de conflit.

Et ce n’est pas tout : le débat dépasse le cadre du football. Il interroge notre rapport aux récompenses individuelles dans un sport collectif.

Classement du Ballon d’or

Le classement du Ballon d’Or restera passionné tant que ces zones d’ombre persisteront. À l’heure où le football évolue, la question se pose : ce trophée peut-il redevenir une référence incontestable, ou restera-t-il éternellement sujet à polémique ? Le prochain grand débat pourrait bien porter sur le poids réel des journalistes dans la construction du prestige mondial.

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