Italie Coupe du monde 2026 : Spectre d’un troisième échec historique

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L’Italie Coupe du monde. Le simple assemblage de ces mots reste un symbole puissant, presque sacré. Pourtant, la question brûle les lèvres : la Nazionale peut-elle vraiment manquer un troisième Mondial consécutif ? Après 2018 et 2022, le cauchemar revient hanter un pays qui vit pour une sélection aujourd’hui fragilisée, bousculée, menacée d’un vide que personne n’aurait imaginé il y a encore dix ans. L’Italie Coupe du monde, autrefois une évidence, est devenue un scénario incertain, presque angoissant, à quelques mois de barrages décisifs. Et ce n’est pas tout.

Italie Coupe du monde 2026 : Spectre d’un troisième échec historique

La scène se répète comme un vieux film qu’on préfère oublier. Des tribunes silencieuses en 2018 après la Suède, des larmes en 2022 face à la Macédoine du Nord. Aujourd’hui, Gennaro Gattuso tente de raviver une flamme encore vacillante. Les éliminatoires ont échappé à l’Italie avec une seconde place loin derrière la Norvège d’Erling Haaland. La défaite 4-1 à San Siro a laissé un goût de vertige, presque de déjà-vu. Pourtant, un dernier chemin existe. Un barrage à domicile contre l’Irlande du Nord, puis une finale potentielle contre le Pays de Galles ou la Bosnie-Herzégovine. Une route piégée, mais franchissable. Mais attention.

L’ombre d’un troisième Mondial manqué

L’Italie n’avait manqué qu’une seule Coupe du monde entre 1934 et 2014, celle de 1958. Puis tout s’est effondré en 2018, lorsque la Suède a claqué une porte que personne ne pensait voir se fermer. En 2022, le naufrage face à la Macédoine du Nord a plongé le pays dans une crise existentielle. Deux absences consécutives pour une nation quadruple championne du monde, c’était déjà impensable. En viser une troisième serait cataclysmique.

La situation rappelle une pente glissante. L’équipe a terminé à six points de la Norvège dans le groupe I, affichant une différence de buts négative, un fait rarissime pour la Nazionale dans des éliminatoires. Avec seulement 12 buts marqués en huit matchs, l’Italie Coupe du monde semble s’être ratatinée offensivement, à l’inverse des Norvégiens, auteurs de 37 réalisations. Cette suprématie nordique a mis à nu les carences structurelles italiennes, notamment la créativité offensive et la régularité mentale.

Le contexte est brutal. Un troisième Mondial loupé serait inédit et probablement le plus violent tournant de l’histoire récente du football italien. Une immense part de l’identité de la Nazionale repose sur ces rendez-vous planétaires. Les supporters le savent. Les joueurs aussi. Et Gattuso plus que quiconque.

La mission Gattuso : réveiller un géant blessé

Lorsque Gennaro Gattuso a accepté le poste en juin 2025, l’Italie traversait une tempête sportive et psychologique. Luciano Spalletti venait de quitter son poste après un naufrage 0-3 contre la Norvège. Alors la Fédération a fait appel à un homme de caractère. Un homme qui mord dans chaque duel. Un homme qui ne laisse rien au hasard.

Italie Coupe du monde 2026 : Spectre d’un troisième échec historique

Gennaro Gattuso

Les débuts ont été prometteurs. Victoire 5-0 contre l’Estonie pour son premier match officiel, une première historique pour un sélectionneur italien. Puis un autre 5-0 contre Israël quelques semaines plus tard. Une équipe transfigurée, plus agressive, plus directe, plus intense. Un style proche de la personnalité du coach. Pourtant, cette impulsion offensive n’a pas suffi à renverser la Norvège lors du choc décisif à San Siro.

Gattuso le répète : il veut des joueurs courageux, capables de jouer avec la fierté d’un maillot que l’Italie semble avoir sanctifié au fil des décennies. Mais le sélectionneur sait aussi que ces barrages réveillent des fantômes. Ceux de la Suède 2018. Ceux de la Macédoine du Nord 2022. Deux traumatismes que les tifosi n’ont jamais digérés.

Et ce n’est pas tout. Gattuso doit composer avec un paysage chaotique. Les jeunes joueurs italiens peinent à émerger en Serie A, où les étrangers représentent 64% du temps de jeu. Parmi les 15-21 ans, seuls 7,4% sont Italiens. Dans le même temps, la Serie A ne remporte plus rien sur la scène européenne depuis 2010. Une disette inquiétante qui reflète la baisse de compétitivité globale du football italien.

Pourtant, quelques pépites offrent une lueur d’espoir. Francesco Camarda, révélation de l’Euro U17 2024. Riccardo Calafiori, aujourd’hui titulaire à Arsenal. Les Oriundi qui permettent d’élargir la profondeur de banc. Gattuso s’appuie sur cette jeunesse pour bâtir un renouveau. Mais saura-t-elle tenir sous la pression d’un barrage ?

L’Irlande du Nord, un test piégé pour la Nazionale

Sur le papier, l’Irlande du Nord n’a rien d’un ogre. Sur le terrain, c’est une nation redoutée pour sa défense compacte, son agressivité dans les duels et sa capacité à jouer le contre à la perfection. Le match se jouera à domicile pour l’Italie, un avantage réel. Mais Gattuso le sait : le contexte rappelle trop les précédents drames.

En 2018, l’Italie s’était cassée les dents sur une Suède supposément inférieure. En 2022, la Macédoine du Nord avait étouffé les Italiens pendant 90 minutes puis tué leur rêve à la 92e minute. Cette absence de culture du barrage hante la sélection. Historiquement, l’Italie s’est qualifiée sur la durée, rarement en match décisif à élimination directe.

L’Irlande du Nord arrive donc avec un statut de trouble-fête parfait. Les débats tournent déjà autour de la capacité de la Nazionale à marquer rapidement, à éviter le piège du doute, à maintenir un rythme fort. Les statistiques récentes montrent une Italie parfois trop lente à entrer dans ses matchs. Un défaut mortel dans une rencontre couperet.

Si l’Italie passe, elle devra ensuite voyager pour affronter le Pays de Galles ou la Bosnie-Herzégovine. Deux équipes capables d’étouffer le cœur du jeu italien. Deux adversaires qui rappellent que la qualification ne se trouvera pas seulement dans la tactique, mais aussi dans les nerfs.

La Norvège et le choc du nouveau paysage européen

Si l’Italie Coupe du monde 2026 est en danger, c’est aussi à cause d’un bouleversement silencieux en Europe. La Norvège a explosé tous les compteurs avec 37 buts en 8 matchs, meilleure performance offensive de l’histoire des qualifications européennes. Haaland est dans une dimension supérieure. Son duo avec Bobb et Strand Larsen a dynamité toutes les défenses du groupe.

Cette montée en puissance norvégienne montre un paradoxe italien : la Nazionale n’avance plus au même rythme que ses concurrents directs. Là où la Norvège investit dans la formation, la transition générationnelle et le football offensif, l’Italie reste prisonnière de ses blocages structurels. Une Serie A qui ne porte plus ses jeunes. Une fédération qui tarde à moderniser ses méthodes. Une pression populaire qui étouffe les talents au lieu de les élever.

Les chiffres sont criants. En 2025, l’Italie termine avec un déficit offensif hallucinant comparé à la Norvège. Lorsque Gattuso évoque un chantier mental et identitaire, il ne bluffe pas. Il sait que les barrages ne régleront pas la profondeur du problème. Mais ils peuvent éviter une nouvelle humiliation.

Un barrage pour sauver une identité

La Squadra Azzurra joue bien plus qu’une qualification. Elle joue sa place dans l’histoire. Elle joue son crédit auprès d’un peuple meurtri. Elle joue la crédibilité d’un sélectionneur qui incarne la passion italienne. Elle joue l’avenir d’une génération en quête de repères.

Le football italien a traversé des crises, mais jamais une période aussi anxiogène. Le triple échec en Coupe du monde serait une rupture. Une cassure dans une tradition séculaire. Une blessure profonde dans une nation qui a bâti son imaginaire sportif autour de ces rendez-vous planétaires.

Gattuso le sait. Le vestiaire le sait. Les supporters le savent. Les barrages de mars 2026 seront un combat mental avant d’être un duel tactique. L’Italie doit gagner avec fierté, mais surtout avec lucidité. Le passé ne pardonne plus. L’avenir n’attendra pas.

La quête ne fait que commencer. Et le prochain défi sera peut-être encore plus brûlant : celui d’une reconstruction durable pour espérer retrouver une place centrale sur la scène mondiale.

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