Jean Louis Gasset s’est éteint le 25 décembre 2025, à 72 ans. Le football français perd un technicien discret, humain et essentiel, souvent appelé pour éteindre les incendies.
Figure respectée des bancs de Ligue 1 et des vestiaires européens, Jean Louis Gasset laisse l’image d’un homme de confiance. Un entraîneur de l’ombre, devenu pompier du football français par nécessité et par talent.

Un enfant de Montpellier forgé par l’histoire du club
Jean Louis Gasset naît le 9 décembre 1953 à Montpellier. Le football coule dans ses veines dès l’enfance. Son père, Bernard Gasset, cofonde le Montpellier HSC. Le club devient rapidement un repère familial, affectif et sportif.
Milieu de terrain appliqué, Jean Louis Gasset débute professionnellement à l’AS Béziers en Division 2 lors de la saison 1974 1975. Il rejoint Montpellier en 1975. Il ne quittera plus vraiment la Paillade.
Pendant dix saisons, il dispute 263 matchs sous les couleurs montpelliéraines. Il accompagne la montée historique en Division 1 lors de la saison 1981 1982. Il incarne la fidélité, la constance et la patience.
Sa carrière de joueur s’achève en 1985. Sans éclat médiatique. Sans fracas. Mais avec une crédibilité forgée sur la durée. Cette sobriété définira toute sa trajectoire future.
L’apprentissage patient d’un entraîneur de l’ombre
À peine les crampons rangés, Jean Louis Gasset intègre le staff de Montpellier. Il devient adjoint de Gérard Gili. Il observe, écoute, apprend. Cette période dure treize ans.
En décembre 1994, il rejoint brièvement l’Olympique de Marseille comme préparateur physique. L’expérience ne dure que quinze jours. Les contraintes budgétaires stoppent net la collaboration. Pourtant, le passage marque les esprits.
En novembre 1998, Montpellier lui confie l’équipe première. La première saison se conclut par une honorable huitième place. Mais le début catastrophique de l’exercice suivant entraîne son licenciement.
Jean Louis Gasset rebondit à Caen. Il maintient le club en Division 2. Puis il devient adjoint de Luis Fernandez au Paris Saint Germain. Il poursuit ensuite à l’Espanyol de Barcelone. La mission maintien est réussie. Sa réputation commence à se construire.
Il n’est jamais la vedette. Pourtant, il devient indispensable. Et ce n’est pas tout.
Istres et l’émergence d’un pompier reconnu
En janvier 2005, le FC Istres fait appel à lui pour sauver sa place en Ligue 1. La mission est périlleuse. La relégation survient lors de la saison suivante. Malgré une treizième place en Ligue 2, Jean Louis Gasset est licencié en décembre 2006.
Cet épisode renforce son image. Il accepte les contextes difficiles et assume les risques. Il travaille dans l’urgence.
C’est pourtant une rencontre qui va transformer sa carrière. Laurent Blanc.
L’ère Laurent Blanc, des sommets nationaux à l’équipe de France
À Bordeaux, Jean Louis Gasset devient l’adjoint de Laurent Blanc. Le duo fonctionne immédiatement. Ensemble, ils remportent le championnat de France 2009. S’ajoutent une Coupe de la Ligue et deux Trophées des Champions.
Les Girondins séduisent par leur maîtrise collective. Le rôle de Jean Louis Gasset est central. Zlatan Ibrahimović le confirmera plus tard. Il évoquera un jeu rappelant Barcelone.
Après le fiasco de Knysna, la Fédération confie la reconstruction des Bleus à Laurent Blanc. Jean Louis Gasset l’accompagne. Le calme succède au chaos. L’équipe de France atteint les quarts de finale de l’Euro 2012.
L’aventure s’achève après l’élimination face à l’Espagne. Mais le tandem a restauré une crédibilité perdue.
Le PSG, domination nationale et frustration européenne
En juin 2013, Paris confie son projet à Laurent Blanc. Jean Louis Gasset suit. Le Paris Saint Germain écrase la concurrence nationale. Trois titres de Ligue 1 consécutifs sont remportés. Trois Coupes de la Ligue suivent. Deux Coupes de France complètent le tableau.
Le PSG affiche 73 pour cent de victoires sur la période. Un record historique pour le club.
Pourtant, un plafond de verre subsiste. La Ligue des Champions s’arrête toujours en quart de finale. Mais attention. Le duo est prolongé avant d’être finalement licencié en juin 2016.
L’injustice est ressentie. Jean Louis Gasset, fidèle, quitte le club dans la discrétion.
Le retour aux missions de sauvetage
En janvier 2017, Montpellier fait appel à son enfant prodige. Le club est en danger. La mission est claire. Sauver la place en Ligue 1. Objectif atteint.
La même année, Saint Étienne traverse une crise profonde. Jean Louis Gasset arrive comme adjoint. Un mois plus tard, il devient entraîneur principal une heure avant un match. La suite est remarquable.
Les Verts passent de la peur au rêve. Une septième place d’abord. Puis une quatrième place synonyme de qualification européenne. Il quitte le club volontairement en 2019. À 65 ans, il évoque la fatigue, la famille et des désaccords internes.
Pourtant, il reviendra encore.
Les dernières batailles, entre lumière et douleur
En 2020, les Girondins de Bordeaux le rappellent. La situation est instable. Il termine douzième. Le nouveau président décide de le licencier.
En 2022, la Côte d’Ivoire lui confie la sélection pour la CAN organisée à domicile. Le scénario tourne au drame. Deux lourdes défaites. Une démission en pleine compétition. Une première historique.
Ironie cruelle. Son successeur remporte la CAN.
En février 2024, l’Olympique de Marseille le sollicite. Mission cent jours. Cinq victoires consécutives dès son arrivée. Une demi finale de Ligue Europa. Il égale un record datant de 1962. Le stade l’adopte. Le surnom de sorcier naît.
Il annonce sa retraite à l’issue de la saison.
Mais en octobre 2024, Montpellier appelle encore. Le club est lanterne rouge. Jean Louis Gasset accepte. Le bilan est lourd. Trois victoires en vingt matchs. Le licenciement intervient en avril 2025. Cette fois, la flamme s’éteint.
Un style humain, une trace durable
Jean Louis Gasset n’a jamais crié plus fort que les autres. Il parlait, écoutait, liait. Nicolas Dehon évoquait une burette d’huile dans les rouages. Sébastien Haller parlait d’un papy bienveillant.
Son palmarès est riche. Quatre titres de champion de France. Quatre Coupes de la Ligue. Deux Coupes de France. Six Trophées des Champions.
Mais son héritage dépasse les trophées. Il aura sauvé des clubs. Redonné espoir à des vestiaires. Réconcilié des groupes.
Jean Louis Gasset laisse une famille. Sa femme Andrée, disparue en 2017. Son fils Robin, aujourd’hui entraîneur adjoint à Montpellier. Sa fille Coralie.
Le football français perd un homme rare. Discret. Fiable. Essentiel.
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