Il était un joueur venu des confins de l’est de la France, Étienne Mattler. Footballeur, résistant, buraliste, ce sportif a marqué son époque.
Un joueur de l’Est.
Né en 1905 à Belfort, Étienne Mattler est issu d’une famille réfugiée alsacienne. Il commence sa carrière dans un club local. Passé par l’US Belfort et l’AS Strasbourg, il rejoint l’un des premiers projets du foot français. À Montbéliard, la famille Peugeot a pour ambition de créer un club pour divertir ses salariés. Cette idée marque la naissance du FC Sochaux-Montbéliard, officiellement fondé en 1928.
Mattler, stoppeur, arrive en 1929 dans cette nouvelle équipe. La puissance des « Jaunes et Bleus » attire l’œil : En vue de la première coupe du monde en 1930, quatre sochaliens embarquent pour l’Uruguay. Pour Mattler, ce sera le début d’une longue aventure avec les Bleus : Le défenseur central entendra quarante-six « Marseillaises » jusqu’en 1940. Il participera également aux premières coupes du monde dont celle de 1938 en France qui voit l’Italie fasciste l’emporter.
Le footballeur patriote
Quelques mois plus tard, l’Italie et la France se retrouvent à Naples. L’hymne national français est sifflé par le public transalpin. Une fois la rencontre terminée, les Tricolores se retrouvent dans un café où des supporters de la « Nazionale » provoquent encore les joueurs français. Mattler, excédé, monte sur une table et se met alors à entonner l’hymne français. Le niveau de Mattler en équipe de France est impressionnant. En 1938, la charnière centrale à laquelle il appartient est surnommée la « Ligne Maginot« , du nom de la ligne de défense réalisée par la France contre l’Allemagne et l’Italie et qui était jugée infranchissable.
Le défenseur montre une nouvelle fois son patriotisme durant la Seconde Guerre mondiale. Sous l’Occupation, il devient résistant, cachant notamment des armes. Arrêté en 1944, il est torturé mais ne livre pas d’informations. À la Libération, il rejoint l’armée française et participe aux derniers épisodes de la guerre.
Les dernières années d’un roc.
La paix revenue, il revient dans son club de toujours mais la situation a changé. Sochaux a perdu de sa superbe et descend en deuxième division. Mattler prend sa retraite en 1946. Il entame alors une nouvelle carrière comme buraliste dans sa région natale et continue sa vie tranquillement entouré de ses deux filles et de ses petits-enfants. Étienne Mattler ne s’éloigne pas des terrains, il est entraîneur dans les années 40 et 50.
Il s’éteint en 1986 dans la commune de Bavilliers. Ce village, adossé à Belfort, possède une autre histoire avec deux autres internationaux français : les frères Hernandez.
Jordan Lahmar-Martins
Communauté Topicfoot
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