Equipe France Football 98 : Le 12 juillet 1998, au Stade de France, l’équipe de France de football réalise l’exploit historique en s’imposant 3-0 face au Brésil. Zinédine Zidane inscrit un doublé légendaire qui propulse les Bleus vers leur première étoile mondiale. Cette victoire marque le début d’une ère dorée pour le football français.
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La France avant 1998 : Un Désert de Désillusions
Les années 1990 constituent une période sombre pour l’équipe de France. Le traumatisme du 17 novembre 1993 reste gravé dans les mémoires : ce soir-là, les Bleus s’effondrent face à la Bulgarie avec un but encaissé dans les dernières secondes. Cette défaite, ajoutée à celle contre Israël quelques jours auparavant, empêche la qualification pour le Mondial 1994. Le football français plonge dans une profonde dépression collective. Gérard Houllier quitte ses fonctions de sélectionneur, laissant une équipe démoralisée et un public désabusé.
C’est dans ce contexte difficile qu’Aimé Jacquet prend les rênes de l’équipe de France en janvier 1994. Sa nomination surprend : après des échecs à Bordeaux, Montpellier et Nancy, le technicien bordelais passe pour un entraîneur de second rang. Mais Jacquet va bâtir sa reconstruction sur des principes radicaux.
Les Choix Controversés d’Aimé Jacquet
Le nouveau sélectionneur écarte des stars confirmées. Eric Cantona, génie de Manchester United, n’est plus convoqué après janvier 1995. David Ginola, jugé responsable de la défaite contre la Bulgarie, disparaît également de la sélection. Jean-Pierre Papin, pourtant Ballon d’Or quelques années plus tôt, est lui aussi écarté. Ces décisions provoquent un tollé médiatique. Le quotidien L’Équipe fustige régulièrement Aimé Jacquet, réclamant même sa démission au printemps 1998. Pourtant, le sélectionneur reste fidèle à sa philosophie : privilégier un groupe soudé plutôt que des individualités flamboyantes.
Jacquet désigne Didier Deschamps capitaine, incarnation parfaite de l’esprit guerrier voulu. Il bâtit une défense de fer avec Laurent Blanc, Marcel Desailly, Lilian Thuram et Bixente Lizarazu. Parallèlement, il intègre progressivement de jeunes talents prometteurs : Zinédine Zidane, Patrick Vieira, Thierry Henry et David Trezeguet. Cette alchimie entre cadres expérimentés et jeunesse fougueuse va porter ses fruits.
Equipe France Football 98 : La France Organise Son Mondial
Soixante ans après avoir accueilli la Coupe du monde 1938, la France obtient l’organisation de l’édition 1998. Le pays se dote d’infrastructures neuves, dont le flambant neuf Stade de France inauguré à Saint-Denis. C’est la première fois que 32 équipes participent à la phase finale d’une Coupe du monde. L’événement revêt une dimension colossale avec près de 2,8 millions de spectateurs au total. Mais la pression qui pèse sur les épaules des joueurs atteint des sommets. Jouer à domicile représente une opportunité unique, mais aussi un fardeau immense.
Les matchs de préparation alimentent les doutes. Les performances décevantes lors des amicaux suscitent le scepticisme ambiant. Les critiques pleuvent sur le jeu défensif et peu spectaculaire prôné par Jacquet. Rares sont ceux qui imaginent voir les Bleus atteindre la finale. L’animation offensive reste le point faible récurrent, et le style rigide du sélectionneur ne rassure personne.
Phase de Groupes : Une Montée en Puissance Maîtrisée
Le 12 juin 1998 au Vélodrome de Marseille, la France entame la compétition face à l’Afrique du Sud. Les Bleus s’imposent 3-0 avec des buts de Christophe Dugarry, Bixente Lizarazu et Thierry Henry. Fabien Barthez, le gardien au crâne rasé, réalise même une passe décisive sur le deuxième but. Ce premier succès apaise légèrement les inquiétudes.
Six jours plus tard, la France écrase l’Arabie Saoudite 4-0 au Stade de France. Zinédine Zidane inscrit un doublé mais reçoit un carton rouge pour avoir piétiné un adversaire. Cette expulsion malheureuse le prive des deux matches suivants, créant une première vraie inquiétude.
Le troisième match contre le Danemark se solde par une victoire 2-1 à Lyon. Qualifiés avant la rencontre, les Bleus alignent plusieurs remplaçants. Bernard Lama, le gardien remplaçant, refuse même de disputer ce match pour ne pas créer de tensions avec Fabien Barthez. La France termine première de son groupe avec trois victoires en trois rencontres.
Equipe France Football 98 : Le But en Or de Laurent Blanc
Le 28 juin 1998, au stade Bollaert de Lens, la France affronte le Paraguay en huitièmes de finale. En l’absence de Zinédine Zidane toujours suspendu, Aimé Jacquet aligne une formation offensive avec Bernard Diomède, Youri Djorkaeff, David Trezeguet et Thierry Henry. Mais les Bleus se heurtent au mur paraguayen, et particulièrement à leur gardien José Luis Chilavert. Pendant 113 minutes, les Sud-Américains résistent héroïquement. Le match s’étire en prolongation, inaugurant la nouvelle règle du but en or.
À la 114e minute, alors que le stade Bollaert retient son souffle, Laurent Blanc surgit dans la surface. Robert Pirès récupère le ballon, centre pour David Trezeguet qui remet de la tête. Le libéro marseillais frappe du tibia et inscrit le premier but en or de l’histoire de la Coupe du monde. Le soulagement est immense. La France se qualifie pour les quarts dans la douleur, mais avec caractère.
Equipe France Football 98 : La Séance de Tirs au But Face à l’Italie
Cinq jours plus tard au Stade de France, la France retrouve l’Italie en quart de finale. Le retour de Zidane redonne de l’espoir, mais les deux équipes se neutralisent pendant 120 minutes. Le score reste vierge et tout se joue aux tirs au but. La séance est dramatique. Bixente Lizarazu, deuxième tireur français, échoue. Mais Fabien Barthez repousse également la tentative de Demetrio Albertini. David Trezeguet, Thierry Henry et Laurent Blanc transforment leurs penalties. Luigi Di Biagio, dernier tireur italien, expédie son tir sur la barre transversale. La France se qualifie et peut rêver d’une demi-finale historique.
Equipe France Football 98 : Lilian Thuram, Héros Improbable
Le 8 juillet 1998, au Stade de France, la France affronte la Croatie, révélation du tournoi. Les Croates, vainqueurs de l’Allemagne 3-0 en quarts, entament le match avec confiance. Dès la 46e minute, Davor Suker ouvre le score et place les Bleus dans une situation délicate. Mais une minute plus tard seulement, Lilian Thuram égalise sur une accélération soudaine. C’est son tout premier but en équipe de France après 38 sélections.
À la 70e minute, le miracle se reproduit. Thuram récidive et donne l’avantage aux Bleus. Le défenseur guadeloupéen devient le héros improbable de cette demi-finale. Ce sera son unique doublé en 142 sélections avec l’équipe de France. La probabilité que ce soit lui qui marque était quasi nulle. Pourtant, ce soir-là, Thuram entre dans la légende. Et ce n’est pas tout : Laurent Blanc reçoit un carton rouge à la 74e minute après avoir effleuré le torse de Slaven Bilić. Cette expulsion le prive de la finale, grande déception de sa carrière.
12 Juillet 1998 : Le Jour de Gloire
Le dimanche 12 juillet 1998 à 21 heures, le Stade de France accueille la finale tant attendue. La France affronte le Brésil, tenant du titre et grand favori. Laurent Blanc suspendu, Aimé Jacquet le remplace par Frank Lebœuf en défense centrale. Le sélectionneur conserve son schéma à trois milieux récupérateurs avec Didier Deschamps, Christian Karembeu et Emmanuel Petit. Zinédine Zidane évolue en animation du jeu, Youri Djorkaeff en soutien de Stéphane Guivarc’h.
Devant plus de 18 millions de téléspectateurs français et 80 000 spectateurs au stade, Zinédine Zidane ouvre le score à la 27e minute. Le meneur de jeu frappe de la tête sur corner et trompe le gardien brésilien. À la 45e minute, juste avant la mi-temps, Zidane récidive de la tête sur un nouveau corner. Le score passe à 2-0. Les jours avant la finale, Aimé Jacquet avait mis l’accent sur les corners. Cette préparation minutieuse porte ses fruits.
En seconde période, Marcel Desailly est expulsé à la 68e minute pour un second carton jaune. Les Bleus doivent finir le match à dix. Mais la défense française résiste héroïquement. Dans les arrêts de jeu à la 93e minute, Emmanuel Petit, servi par Patrick Vieira, parachève le score en inscrivant le troisième but français. Score final : France 3-0 Brésil. L’exploit est accompli. La France est championne du monde pour la première fois de son histoire.
L’Effectif des 22 Champions du Monde
Aimé Jacquet avait initialement retenu 28 joueurs avant d’en écarter six. La liste finale comportait trois gardiens, six défenseurs, huit milieux de terrain et cinq attaquants.
Photo officielle Equipe France Football 98 Crédits : Charles Platiau / Reuters
Les Gardiens de l’Equipe France Football 98
Bernard Lama, 35 ans, évoluait à West Ham United. Champion du monde sans disputer le moindre match, il accepte ce sacrifice pour le bien du groupe.
Fabien Barthez, 26 ans, gardien de l’AS Monaco, devient titulaire indiscutable. Surnommé le Divin Chauve, il ne concède que deux buts en sept matches durant le Mondial. Son rituel avec Laurent Blanc, qui lui embrasse le crâne rasé avant chaque match, devient emblématique.
Lionel Charbonnier, 31 ans de l’AJ Auxerre, complète le trio sans obtenir de temps de jeu.
La Défense de Fer de l’Equipe France Football 98
Bixente Lizarazu, 28 ans du Bayern Munich, s’impose comme l’un des meilleurs latéraux gauches du monde. Le Basque forme avec Thuram, Blanc et Desailly une défense légendaire, invaincue en 28 matches entre 1996 et 2000.
Laurent Blanc, 32 ans de l’Olympique de Marseille, surnommé Le Président, est l’auteur du but en or historique contre le Paraguay. Son expulsion en demi-finale le prive de la finale.
Marcel Desailly, 29 ans de l’AC Milan, défenseur central puissant et intelligent, remporte sa deuxième Coupe du monde après avoir été champion d’Europe avec Marseille en 1993.
Lilian Thuram, 26 ans de Parme, replacé latéral droit par Aimé Jacquet, inscrit un improbable doublé en demi-finale. Ces deux buts resteront ses seules réalisations en 142 sélections.
Frank Lebœuf, 30 ans de Chelsea, remplace Blanc en finale et apporte sa solidité défensive.
Vincent Candela, 24 ans de l’AS Rome, apporte sa polyvalence sur les côtés.
Le Milieu de Terrain de l’Equipe France Football 98
Didier Deschamps, 29 ans de la Juventus Turin, capitaine de l’équipe de France, incarne parfaitement l’esprit guerrier voulu par Jacquet. Surnommé le porteur d’eau, il est infatigable dans les duels et les interceptions. Champion d’Europe avec Marseille en 1993 et vainqueur de la Ligue des champions en 1996 avec la Juventus, il totalise 70 sélections avant le Mondial. Il deviendra ensuite sélectionneur des Bleus et remportera la Coupe du monde 2018.
Zinédine Zidane, 25 ans de la Juventus Turin, meneur de jeu élégant et virtuose, est le cerveau de l’équipe de France. Né dans le quartier de la Castellane à Marseille de parents algériens, il inscrit un doublé historique en finale. Sa vie bascule avec ce match. Il sera élu Ballon d’Or 1998 et meilleur joueur FIFA. Champion d’Europe 2000, il terminera sa carrière internationale en 2006.
Equipe France Football 98 : Zinedine Zidane Crédits : Vincent Kessler / Reuters
Emmanuel Petit, 27 ans d’Arsenal, milieu récupérateur gaucher puissant et technique, inscrit le troisième but français en finale.
Patrick Vieira, 21 ans d’Arsenal, à seulement 21 ans, entre principalement comme remplaçant et délivre la passe décisive à Petit en finale.
Youri Djorkaeff, 30 ans de l’Inter Milan, meneur de jeu offensif et créatif, évolue en soutien de l’attaque.
Christian Karembeu, 27 ans du Real Madrid, milieu défensif né en Nouvelle-Calédonie, apporte sa puissance physique.
Robert Pirès, 24 ans du FC Metz, délivre la passe décisive pour le but en or de Blanc contre le Paraguay.
Bernard Diomède, 24 ans de l’AJ Auxerre, et Alain Boghossian, 27 ans de Sampdoria, complètent le secteur.
L’Attaque de l’Equipe France Football 98
Stéphane Guivarc’h, 27 ans de l’AJ Auxerre, meilleur buteur du championnat de France 1997-1998, est titulaire en finale mais peine à se montrer décisif.
Thierry Henry, 20 ans de l’AS Monaco, ailier gauche rapide et technique, est l’un des plus jeunes de l’effectif. Il inscrit son premier but en Coupe du monde contre l’Afrique du Sud. Champion de France avec Monaco en 1997, il deviendra le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal.
David Trezeguet, 20 ans de l’AS Monaco, autre prodige monégasque, termine deuxième meilleur buteur du championnat avec 18 buts la saison précédente. À seulement 20 ans, il entre principalement comme remplaçant et transforme son tir au but contre l’Italie. Il aura une brillante carrière avec 71 sélections et 34 buts.
Christophe Dugarry, 26 ans de l’Olympique de Marseille, complète le secteur offensif et inscrit un but contre l’Afrique du Sud.
Black-Blanc-Beur : Une Victoire Symbolique
Au-delà de la performance sportive, la victoire de 1998 revêt une dimension sociale considérable. L’expression Black-Blanc-Beur émerge rapidement pour symboliser la diversité de l’équipe de France. Composée de joueurs d’origine maghrébine, africaine, basque et de diverses régions, cette équipe multiculturelle devient le reflet d’une France plurielle et unie. Le vivre-ensemble républicain trouve dans cette victoire un moyen d’expression inédit.
Mais attention, cette vision idyllique comporte des nuances. Frank Lebœuf déclarera plus tard que cette histoire de Black-Blanc-Beur constituait un rattrapage politique. Pour les joueurs, la question ne se posait pas : ils jouaient simplement au football avec des coéquipiers de toutes origines. Néanmoins, ce moment de rapprochement des groupes socioethniques marque durablement la mémoire collective française.
Equipe France Football 98 : La Folle Nuit du 12 Juillet
Dès la fin du match, des centaines de milliers de personnes convergent vers les Champs-Élysées. À 3 heures du matin, près d’1,5 million de personnes envahissent la plus belle avenue du monde. L’Arc de Triomphe est illuminé par la projection d’un portrait géant de Zinédine Zidane, avec l’inscription Zizou président projetée sur le monument. C’est le plus grand rassemblement sur cette avenue depuis la Libération de Paris par le général de Gaulle en 1944.
Le 13 juillet, le bus à impériale transportant les 22 champions du monde remonte les Champs-Élysées au ralenti, porté en triomphe par une foule en liesse. Les joueurs brandissent le trophée sous les acclamations. Le soir, les Bleus font la fête au cabaret le Lido, et le 14 juillet, jour de la fête nationale, ils sont reçus en héros à l’Élysée par le président Jacques Chirac. Les retombées économiques et sociales sont considérables. Le football français connaît un engouement sans précédent, les licenciés affluent dans les clubs, et l’image du pays à l’international se renforce.
Euro 2000 : La Confirmation
Deux ans après le sacre mondial, l’équipe de France confirme son statut de meilleure équipe du monde en remportant l’Euro 2000 organisé en Belgique et aux Pays-Bas. Aimé Jacquet, devenu héros national après avoir été tant contesté, quitte ses fonctions après la finale 1998. Roger Lemerre, son adjoint, prend la relève et conduit les Bleus vers de nouveaux sommets.
Le parcours s’avère encore plus spectaculaire qu’en 1998. La finale du 2 juillet 2000 contre l’Italie à Rotterdam entre dans la légende. Menés 1-0 à la 55e minute, les Bleus résistent jusqu’à la dernière seconde du temps additionnel où Sylvain Wiltord égalise à la 94e minute. En prolongation à la 103e minute, David Trezeguet inscrit un but en or d’une frappe sous la barre. La France remporte le titre européen 2-1. Avec ce doublé Coupe du monde-Euro, la France réalise un exploit rarissime, rejoignant l’Allemagne de 1974. Roger Lemerre conserve la quasi-totalité de l’ossature de 1998, prouvant la solidité du groupe constitué par Jacquet.
Le Système Tactique d’Aimé Jacquet
Aimé Jacquet bâtit son équipe sur un système rigoureux et discipliné, souvent critiqué pour son manque de spectacle mais d’une efficacité redoutable. Il privilégie un dispositif compact avec une défense à quatre devant Fabien Barthez. Au milieu de terrain, le trio Deschamps-Petit-Karembeu assure la récupération et le harcèlement adverse. Didier Deschamps est le métronome infatigable. Emmanuel Petit apporte volume physique et qualité dans les transmissions. Christian Karembeu complète ce dispositif par sa puissance.
Aimé Jacquet, sélectionneur Equipe France Football 98 :
Devant ce bloc compact, Zinédine Zidane bénéficie d’une liberté totale pour animer le jeu offensif. Youri Djorkaeff évolue dans un rôle libre en soutien de l’attaquant de pointe, avec Henry et Trezeguet comme alternatives. La force principale réside dans la solidité défensive exceptionnelle. Le quatuor Thuram-Blanc-Desailly-Lizarazu constitue la meilleure ligne défensive de l’histoire des Bleus : invaincu en 28 matches entre 1996 et 2000, avec seulement 13 buts encaissés.
Durant la Coupe du monde 1998, la France ne concède que deux buts en sept matches. Cette imperméabilité défensive permet aux Bleus de gérer les matches serrés, notamment les prolongations contre le Paraguay et l’Italie. Les transitions rapides constituent l’autre arme offensive. Dès la récupération du ballon, Deschamps et Petit lancent rapidement Zidane ou les attaquants, créant le danger par la vitesse d’exécution.
Equipe France Football 98 : L’Héritage
L’équipe de France 1998 marque durablement l’imaginaire collectif et inspire les générations suivantes. Vingt ans plus tard en 2018, les Bleus de Didier Deschamps remportent leur deuxième étoile en Russie, réalisant une filiation directe avec la génération 1998. Le parallèle est saisissant : Deschamps, capitaine en 1998, devient le troisième homme de l’histoire du football à remporter la Coupe du monde comme joueur puis comme sélectionneur, après Mario Zagallo et Franz Beckenbauer.
Comme en 1998, l’équipe 2018 s’appuie sur une défense solide et un jeu pragmatique. Le jeu discipliné privilégié par Jacquet se retrouve dans l’approche de Deschamps. Les deux sélectionneurs ont fait face à des critiques sur le manque de spectacle, mais ont privilégié l’efficacité et les résultats. Plusieurs joueurs formés à Monaco perpétuent cette tradition : Kylian Mbappé, prodige monégasque, devient en 2018 le deuxième plus jeune buteur en finale après Pelé.
Les Carrières Après 1998
Les héros de 1998 ont connu des destins variés après leur sacre. Zinédine Zidane poursuit une carrière exceptionnelle au Real Madrid de 2001 à 2006, remportant la Ligue des champions 2002. Après sa retraite en 2006, il devient entraîneur du Real Madrid et remporte trois Ligues des champions consécutives entre 2016 et 2018. Didier Deschamps entame une carrière d’entraîneur à succès : champion de France avec Bordeaux en 2009, il devient sélectionneur des Bleus en 2012 et remporte la Coupe du monde 2018 et la Ligue des Nations 2021.
Thierry Henry devient le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal avec 228 buts et l’un des plus grands attaquants de tous les temps avec 123 sélections et 51 buts en équipe de France. Patrick Vieira s’impose comme l’un des meilleurs milieux de sa génération, capitaine d’Arsenal et des Bleus. Laurent Blanc entame également une carrière d’entraîneur : champion de France avec Bordeaux en 2009, sélectionneur des Bleus de 2010 à 2012, puis entraîneur du PSG où il remporte onze trophées.
Marcel Desailly poursuit au Chelsea de 1998 à 2004, totalisant 116 sélections avec les Bleus. Lilian Thuram rejoint la Juventus puis le FC Barcelone, établissant le record de sélections en équipe de France avec 142 capes. Frank Lebœuf se reconvertit dans le métier de comédien après sa carrière. Bernard Lama, Fabien Barthez et Bixente Lizarazu deviennent consultants sportifs, restant ainsi liés au monde du football.
De la Critique à la Gloire
L’évolution du regard médiatique entre le printemps et l’été 1998 illustre un retournement spectaculaire. Au début de l’année, le quotidien L’Équipe réclame la démission d’Aimé Jacquet, critiquant vivement son jeu défensif. Les performances décevantes lors des matchs amicaux alimentent le scepticisme. Les chroniqueurs fustigent les choix du sélectionneur, notamment l’éviction de stars comme Cantona et Ginola.
Mais au fil du tournoi, le discours change radicalement. Les victoires successives, la solidité défensive et l’abnégation des joueurs conquièrent progressivement l’opinion publique. Le but en or de Laurent Blanc contre le Paraguay déclenche une première vague d’enthousiasme. La qualification aux tirs au but contre l’Italie confirme la résilience mentale des Bleus. Après le doublé improbable de Thuram en demi-finale, plus personne ne doute. Et la victoire 3-0 en finale transforme Aimé Jacquet en héros national. Les mêmes médias qui réclamaient sa tête encensent désormais son génie tactique et sa gestion du groupe.
Un Mythe Populaire Immortel
Au-delà de la victoire sportive, l’équipe de France 1998 entre dans la culture populaire française. Les images emblématiques restent gravées dans les mémoires : le rituel de Laurent Blanc embrassant le crâne rasé de Fabien Barthez avant chaque match, le doublé de Thuram défenseur improbable buteur, le but en or de Blanc contre le Paraguay, le doublé de Zidane en finale, la projection de Zizou président sur l’Arc de Triomphe.
Cette équipe transcende le simple cadre sportif pour devenir un symbole d’unité nationale et de réussite collective. Elle représente l’aboutissement d’une reconstruction patiente, la revanche après les échecs des années 1990, et la preuve qu’une France diverse et unie peut conquérir le monde. Régulièrement, des matchs de légendes réunissent les héros de 1998, perpétuant ce lien avec le public. Vingt-sept ans après, les Français continuent de célébrer cette victoire fondatrice, première étoile d’un palmarès qui s’enrichira d’un Euro 2000 et d’une deuxième Coupe du monde en 2018.
Un groupe capable de surmonter les doutes
L’équipe de France 1998 représente bien plus qu’un simple titre de champion du monde. Elle incarne la résilience d’un groupe capable de surmonter les doutes, les critiques et la pression pour atteindre l’excellence. Sous la houlette d’Aimé Jacquet, sélectionneur contesté devenu héros national, les Bleus ont construit leur succès sur des valeurs de solidarité, de discipline et de cohésion collective. La force repose sur un équilibre parfait entre expérience et jeunesse, entre solidité défensive et créativité offensive, entre rigueur tactique et moments de génie individuel.
La défense légendaire, le capitaine Deschamps infatigable, le virtuose Zidane et les jeunes pépites Henry et Trezeguet ont écrit ensemble l’une des plus belles pages du sport français. Au-delà du terrain, cette victoire a marqué un moment d’unité nationale inédit. Elle a redonné fierté et confiance à tout un pays, créant un élan qui se prolongera avec l’Euro 2000. L’héritage perdure encore aujourd’hui. Didier Deschamps, capitaine en 1998, a mené les Bleus vers une deuxième étoile en 2018, prouvant la transmission des valeurs et de l’état d’esprit gagnant.
Les principes établis par Jacquet – solidarité, humilité, abnégation – continuent d’inspirer les générations actuelles de footballeurs français. Cette génération dorée a démontré qu’une équipe soudée et déterminée, guidée par des valeurs fortes et une tactique rigoureuse, pouvait surmonter tous les obstacles pour atteindre le sommet. Le 12 juillet 1998, la France ne gagnait pas seulement une Coupe du monde : elle entrait dans la légende du football mondial.
Voir aussi notre article sur : L’incident historique du match France-RFA à la Coupe du Monde 1982.
