La FFF présente le projet de Premier League à la française

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Projet de Premier League à la française : La Fédération française de football veut transformer en profondeur l’organisation du foot professionnel. La LFP serait remplacée par une société commerciale de clubs. Objectif : sortir le football français de la crise économique.

La FFF présente le projet de Premier League à la française

Crédits : EPA images

Une nouvelle ère s’annonce pour le football français. Avec l’ambition de bâtir une Premier League à la française, la FFF veut reprendre la main sur l’élite hexagonale.

La fin annoncée de la LFP

La Ligue de Football Professionnel vit ses dernières heures. C’est ce que Philippe Diallo, président de la FFF, a confirmé. L’instance, vidée de sa substance depuis des années, pourrait bientôt disparaître. Sa mission serait confiée à une société commerciale composée exclusivement de clubs. Chacun disposerait d’une voix, quelle que soit sa puissance économique. Ce changement de gouvernance marque une cassure avec le modèle actuel. On passerait d’une association loi 1901 à une entité commerciale autonome. Cette structure organiserait les compétitions professionnelles et gérerait les revenus. Une refonte qui enterre la LFP telle qu’on la connaît depuis sa création. Le président Labrune, lui-même favorable à cette mutation, pourrait partir plus tôt que prévu.

Une gouvernance calquée sur le modèle anglais

Ce projet s’inspire directement du modèle britannique. En Angleterre, la Premier League est une société détenue par ses 20 clubs. En France, l’idée serait d’y intégrer les clubs de Ligue 1 et Ligue 2. La nouveauté réside dans la gouvernance. Finis les conseils d’administration contrôlés par les présidents de clubs. Place à un directoire indépendant, composé d’experts nommés et rémunérés. Ce directoire serait révocable à tout moment. Le patron serait un CEO, désigné par les clubs, chargé de diriger la structure. Ce système viserait à professionnaliser la gestion et attirer de nouveaux investisseurs. Une organisation plus stable, plus crédible face aux diffuseurs et aux sponsors.

La FFF garde le contrôle stratégique

Pas question pour la Fédération de se retirer totalement. Elle conserverait une action préférentielle, assortie d’un droit de veto. Cela lui permettrait d’imposer son avis sur des points cruciaux. Format des compétitions, montées et descentes, ou encore contrôle économique, tout resterait sous surveillance fédérale. La DNCG, aujourd’hui dépendante de la LFP, reviendrait dans le giron fédéral. Ce recentrage vise à garantir l’intérêt général. La FFF redeviendrait la garante des équilibres structurels. Elle jouerait un rôle central, sans interférer dans la gestion quotidienne.

Des mesures concrètes pour l’équilibre économique

La création de la Premier League à la française ne résoudra pas tout. Mais des mesures fortes accompagneront cette réforme. La FFF propose un plafonnement de la masse salariale inspiré du fair-play financier. La Liga espagnole en a fait un pilier de sa régulation. Chaque club se verrait attribuer une masse salariale maximale en fonction de ses revenus. En cas de dépassement, l’enregistrement de nouveaux joueurs serait interdit. Autre piste : la limitation des effectifs. Les clubs devraient réduire le nombre de joueurs sous contrat. L’objectif est d’assainir les finances et de valoriser les jeunes talents.

Le flou persiste autour des droits TV

La principale urgence reste la crise des droits télévisés. Les recettes s’effondrent. La LFP n’a toujours pas trouvé de diffuseur pour la saison 2025-2026. La réforme structurelle ne suffira pas à court terme. Même avec une société commerciale, les revenus TV ne grimperont pas sans un produit attractif. La FFF mise sur un partenariat avec DAZN et la création d’une chaîne dédiée. Objectif : garantir une diffusion continue et mieux valoriser les compétitions. Mais rien n’est encore signé. Et les clubs restent dans l’attente de recettes vitales pour leur survie.

L’enjeu législatif comme condition préalable

Avant de voir le jour, la Premier League à la française devra franchir une étape politique. Le passage d’une ligue associative à une société de clubs nécessite une modification de la loi. Un projet est en discussion au Sénat. Un premier vote aura lieu le 10 juin. Si tout se passe bien, la réforme pourrait être votée à l’automne. La nouvelle structure ne verra donc pas le jour avant la saison 2026-2027. Le calendrier parlementaire conditionne tout. En attendant, des adaptations réglementaires seront mises en place par la FFF. Sans attendre la loi, certaines mesures peuvent déjà s’appliquer via les règlements fédéraux.

L’accord avec CVC reste d’actualité

Le fonds d’investissement CVC, actionnaire de LFP Media à hauteur de 13 %, restera dans le projet. Il détiendrait également 13 % de la nouvelle société commerciale. CVC avait investi près de 1,5 milliard d’euros contre une part des revenus futurs. Son implication dans la nouvelle gouvernance garantit une forme de continuité économique. Mais elle soulève aussi des questions. Les clubs devront-ils toujours céder une partie de leurs recettes ? La clé de répartition sera-t-elle renégociée ? Autant de dossiers brûlants à trancher dans les prochains mois.

La question de la multipropriété

Autre sujet délicat : la multipropriété. Plusieurs clubs français appartiennent déjà à des groupes internationaux. La FFF souhaite instaurer une régulation stricte sur ces montages. L’exemple anglais a montré les limites du modèle. La Premier League contrôle l’arrivée des investisseurs pour éviter les conflits d’intérêts. La France pourrait s’en inspirer. L’objectif est de garantir une compétition équitable et transparente. La DNCG pourrait être chargée de surveiller ces opérations. Une mesure qui renforcerait la stabilité du système.

Une réforme qui suscite l’espoir… et les doutes

Le projet de Premier League à la française suscite l’espoir chez certains clubs. D’autres restent prudents. Car tout dépendra de la mise en œuvre réelle. Les clubs devront accepter de déléguer leur pouvoir à un directoire. La FFF devra garantir une gouvernance efficace et équilibrée. Et surtout, il faudra convaincre les diffuseurs, les sponsors et les supporters. Sans produit attractif, sans compétitivité européenne, le football français ne séduira pas. Cette réforme est une opportunité. Mais elle ne sera utile que si elle s’accompagne d’un véritable projet sportif.

Reste à savoir si la future chaîne du foot français, promise par la FFF, saura séduire les fans comme les investisseurs.

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