Une équipe de football en maillot rouge gagne-t-elle plus souvent ?

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La couleur d’un maillot peut sembler anodine, mais elle cache parfois un poids psychologique insoupçonné, surtout quand il s’agit du rouge.

Le football est plein de détails qui échappent au grand public mais façonnent l’histoire des matchs et des équipes. Parmi eux, la couleur du maillot n’est pas qu’une question d’esthétique. Elle peut influencer les joueurs, intimider les adversaires et même influer sur les décisions arbitrales. Alors, est-ce que jouer en rouge donne vraiment un avantage ? Penchons-nous sur ce curieux phénomène où la science croise la légende des terrains.

Rouge, couleur de la domination

Le rouge n’est pas une couleur neutre, loin de là. Depuis toujours, il est associé à la puissance et à la domination, que ce soit chez les primates ou dans les sociétés humaines. Jean-Gabriel Causse, spécialiste de la couleur, rappelle que le rouge exprime puissance et testostérone. En football, ce code ancestral se traduit par une perception de force accrue. Une équipe en rouge peut paraître plus agressive, plus menaçante, et cela suffit parfois à faire vaciller la confiance des adversaires. Ce n’est pas qu’une question de mode ou de style, c’est un héritage profondément ancré dans le cerveau collectif. Et ce n’est pas tout : sur le terrain, ces signaux de puissance jouent sur l’instinct, celui des joueurs comme celui des arbitres.

Quand la science s’invite dans le vestiaire

Les chercheurs se sont penchés sérieusement sur la question. Une étude marquante de l’université de Plymouth montre que 39 des 69 derniers championnats anglais ont été remportés par des clubs en rouge. Manchester United, Liverpool, Arsenal… difficile d’ignorer la coïncidence. Selon les conclusions, le rouge stimulerait l’agressivité, boostant la confiance des joueurs tout en intimant un message clair : ici, c’est nous les patrons. Et le phénomène ne se limite pas au football. Aux Jeux olympiques, dans les sports de combat, les compétiteurs vêtus de rouge remportaient 67% des duels observés. Mieux encore, les arbitres attribuaient jusqu’à 13% de points supplémentaires aux combattants en rouge. Autrement dit, le rouge brouille la neutralité, jusque dans les jugements censés être les plus impartiaux.

Les clubs en rouge, mythes et légendes

Difficile de ne pas penser à Manchester United, Liverpool ou Arsenal, dont les maillots rouges sont devenus de véritables symboles. Ces clubs cumulent les titres et entretiennent le mythe de la victoire par le rouge. L’Espagne en est un autre exemple. Entre 2008 et 2012, la Roja, fidèle à son surnom, a dominé le football mondial avec un triplé historique : Euro 2008, Coupe du monde 2010, Euro 2012. Mais attention, la couleur ne fait pas tout. L’Euro 2020 a rappelé que le bleu aussi pouvait être synonyme de triomphe, avec l’Italie et la France sur le devant de la scène. Même les clubs les plus prestigieux en rouge connaissent des saisons ratées. L’histoire prouve que la couleur peut donner un petit coup de pouce psychologique, mais pas transformer un effectif moyen en champion.

La perception des arbitres et des supporters

Porter du rouge, ce n’est pas seulement une affaire de joueurs. Les arbitres eux-mêmes seraient influencés, souvent inconsciemment. Plusieurs expériences démontrent que face à une équipe en rouge, ils penchent davantage pour des décisions favorables. C’est un biais difficile à corriger, car il agit en profondeur. De leur côté, les supporters ne sont pas insensibles non plus. Le rouge attire l’œil, galvanise les foules et accentue l’impression de puissance collective. Un maillot éclatant, un stade en ébullition et une équipe conquérante : voilà un cocktail qui peut faire basculer un match. Et certains spécialistes ajoutent que le design du maillot compte aussi. Col relevé, motifs marqués ou teintes plus agressives renforcent l’image de domination. Bref, le rouge n’agit jamais seul, il se combine à une multitude de facteurs visuels et émotionnels.

Quand le rouge ne suffit pas

Il serait pourtant simpliste de croire qu’enfiler un maillot rouge suffit à gagner. L’histoire du football regorge de contre-exemples. La finale de l’Euro 2016, remportée par le Portugal en rouge face à la France, a rappelé que le talent et l’organisation priment toujours. De la même manière, des équipes en rouge ont parfois sombré malgré leur aura supposée. Les chercheurs insistent : le rouge offre un petit avantage psychologique, mais il reste marginal face à la qualité tactique, la cohésion de groupe et l’efficacité devant le but. En clair, le rouge est une arme, mais elle ne fait pas tout.

Le symbole plus que la garantie

Porter un maillot rouge, c’est s’habiller d’un symbole chargé d’histoire, de puissance et de domination. Les joueurs sentent ce poids, les adversaires le perçoivent, et les supporters s’enflamment. Les études scientifiques donnent raison à cette intuition : le rouge peut aider, parfois même influencer les décisions arbitrales. Mais il ne faut pas confondre avantage psychologique et victoire assurée. Dans le football, rien n’est jamais joué d’avance, et c’est ce qui fait la beauté de ce sport. Car si le rouge reste la couleur de la domination, il n’est jamais une promesse de succès.

La prochaine fois, nous pourrions explorer comment d’autres couleurs, comme le bleu ou le noir, façonnent l’imaginaire collectif et influencent les performances sportives.

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