Le forfait de Barcola offre une nouvelle chance à Thauvin, absent depuis plus de six ans. Un come-back inattendu mais mérité.

Il y a des histoires que seul le football peut raconter. Celle de Florian Thauvin en fait partie. L’ancien Marseillais, champion du monde 2018, signe un retour que personne n’avait vu venir. Appelé en renfort pour remplacer Bradley Barcola, blessé, Thauvin retrouve enfin le maillot bleu. Un clin d’œil du destin, presque un symbole pour un joueur que beaucoup pensaient perdu pour les Bleus.
Le coup dur pour Bradley Barcola
Le sort s’est acharné sur Bradley Barcola. L’ailier du Paris Saint-Germain, âgé de 23 ans, souffre d’une lésion chronique de l’ischio-jambier droit. Une blessure apparue face à l’Atalanta Bergame le 17 septembre en Ligue des champions. Présent à Clairefontaine ce lundi, il a passé des examens auprès du Dr Franck Le Gall. Le verdict est tombé : repos forcé. Didier Deschamps, pragmatique, a décidé de le renvoyer à Paris pour soigner sa blessure.
Le sélectionneur a préféré préserver son joueur plutôt que de risquer une rechute. Et c’est tout sauf une surprise. Barcola traîne cette douleur depuis plusieurs semaines, et ses performances s’en sont ressenties. Il restait sur des matchs en demi-teinte, loin de son explosivité habituelle. Pour le jeune Parisien, c’est un coup dur. Il avait trouvé sa place dans le onze de Deschamps depuis juin 2024, avec 16 sélections et 3 buts. Mais les blessures ne préviennent jamais. Et dans le football, quand un joueur s’éclipse, un autre surgit.
Florian Thauvin, l’incroyable retour
Et cet autre, c’est Florian Thauvin. Six ans et trois mois après sa dernière apparition, le champion du monde retrouve Clairefontaine. 2309 jours exactement se sont écoulés depuis son dernier match avec les Bleus, le 11 juin 2019 contre Andorre. Ce soir-là, il avait marqué et délivré une passe décisive. Puis, plus rien.
Oublié, exilé, critiqué. Et voilà qu’à 32 ans, le natif d’Orléans revient sur le devant de la scène. Un scénario digne d’un film. Mais ce retour, il ne le doit ni à la chance ni à la nostalgie. Thauvin s’est reconstruit pas à pas. Après avoir brillé à l’Olympique de Marseille, il a connu le creux de la vague au Mexique avec les Tigres. Une aventure ratée, conclue dans l’indifférence. En Italie, à l’Udinese, il a retrouvé le plaisir de jouer. Huit buts, trois passes décisives en Serie A la saison dernière. Une renaissance discrète mais solide. Et cet été, Lens lui a offert une nouvelle maison.
Le renouveau lensois
Arrivé au RC Lens en août 2025 pour trois saisons, Florian Thauvin a retrouvé le sourire. Dès ses premiers matchs, il a rappelé pourquoi il avait été l’un des meilleurs ailiers français de sa génération. Deux buts en sept rencontres, mais surtout une influence grandissante sur le jeu. Numéro 10 dans le dos, Thauvin s’est mué en leader de vestiaire. Il guide, parle, motive. Son expérience séduit Pierre Sage, son entraîneur, qui en a fait un pilier de son équipe. Dans un club réputé pour son collectif et sa grinta, Thauvin a trouvé un cadre idéal pour se relancer. Et ce n’est pas tout. L’attaquant lensois a aussi mûri dans son jeu. Moins individualiste, plus collectif, il participe davantage à la construction et au pressing. Son retour en Bleus n’est donc pas une faveur. C’est la récompense d’un travail acharné.
Thauvin, l’homme de parole
Quelques semaines avant sa convocation, Thauvin avait confié dans une interview son envie de retrouver l’équipe de France. “Moi aussi, j’aimerais bien. Quand on travaille, on rêve forcément.” Des mots simples, sincères, qui résonnent différemment aujourd’hui. Le joueur reconnaît qu’il n’est plus le même qu’en 2018. “Je me considère plus fort qu’avant. À l’époque, j’étais un peu trop individualiste. Aujourd’hui, j’ai une vision plus collective.” Un discours qui plaît à Didier Deschamps, toujours attentif à l’état d’esprit. Le sélectionneur n’a jamais oublié Thauvin. Il l’a toujours décrit comme un professionnel exemplaire. Et à force de patience et de persévérance, l’ancien Marseillais a fini par forcer la porte.
Le contexte des qualifs
La France, leader du groupe D, avance sereinement vers la Coupe du monde 2026. Deux matchs, deux victoires. Contre l’Ukraine (2-0) et l’Islande (2-1), les Bleus ont fait le plein. Le groupe est solide, l’ambiance excellente. L’objectif est simple : valider la qualification dès ce mois d’octobre. Face à l’Azerbaïdjan, classé 124e mondial, puis contre l’Islande, les Bleus partent favoris. L’équipe d’Aykhan Abbasov n’a pas encore gagné un match dans ces éliminatoires. Mais attention, les matchs pièges existent. Surtout quand la rotation est imposée par les blessures. Thauvin pourrait donc avoir du temps de jeu. Un retour symbolique, mais aussi stratégique. À 32 ans, il n’a plus rien à prouver, mais tout à donner.
L’opportunité d’une nouvelle histoire
Pour Thauvin, cette convocation n’est pas qu’un retour sentimental. C’est une chance unique de s’imposer à nouveau. L’équipe de France cherche encore la bonne formule offensive. Entre les blessures et les jeunes en apprentissage, Didier Deschamps veut de la fiabilité. Et Thauvin, fort de son expérience, peut en apporter. Son profil de faux ailier, capable de rentrer dans l’axe, colle parfaitement au style tricolore. À Clairefontaine, il retrouvera Kylian Mbappé, son ancien partenaire de la génération 2018, et plusieurs visages familiers. L’histoire est belle, mais le défi est immense. Le public attend de voir si Thauvin peut encore briller au très haut niveau. Ses performances à Lens plaident pour lui. Son mental, encore plus.
Deschamps, la fidélité à la performance
Didier Deschamps n’est pas homme à offrir des cadeaux. S’il a rappelé Thauvin, c’est qu’il estime qu’il peut apporter quelque chose. Le sélectionneur l’a prouvé à maintes reprises : il privilégie les joueurs en forme, peu importe leur passé. Thauvin symbolise cette philosophie. Il n’est pas revenu par nostalgie, mais par mérite. Le sélectionneur sait qu’un groupe fort a besoin de cadres discrets, capables de transmettre. Et Thauvin, fort de ses expériences à Marseille, au Mexique et en Italie, possède cette maturité. Ce retour n’est pas seulement un message à lui. C’est un signal pour tous : la porte des Bleus reste ouverte à ceux qui travaillent.
Une histoire à écrire
L’histoire de Florian Thauvin avec les Bleus avait été mise entre parenthèses. Elle reprend là où elle s’était arrêtée, six ans plus tôt. Entre blessures, exil et résilience, le parcours du Lensois inspire. Sa convocation rappelle que dans le football, tout peut basculer. Un match, une blessure, une opportunité. Thauvin la saisit aujourd’hui à pleines mains. Et si cette nouvelle aventure n’était que le début d’un second souffle ? Les Bleus affrontent l’Azerbaïdjan jeudi. Peut-être le moment idéal pour Thauvin d’écrire une nouvelle page.
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