Comment les clubs de Ligue 1 réduisent leur empreinte carbone

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Depuis quelques années, le football français prend un virage écologique inédit. Les clubs de Ligue 1 s’engagent désormais dans une course à la sobriété énergétique. Et cette fois, il ne s’agit pas de performance sportive, mais de survie environnementale. L’empreinte carbone du football devient un sujet central, au cœur des politiques de la Ligue de Football Professionnel. Les chiffres sont clairs : 1,8 million de tonnes de CO2 émises chaque année par le football français. Mais derrière ces données, une véritable mutation s’opère dans les clubs.

Comment les clubs de Ligue 1 réduisent leur empreinte carbone

Une prise de conscience collective portée par la LFP

La LFP a imposé depuis 2023 des critères environnementaux pour l’obtention de la Licence Club. Ils représentent désormais 10% de la note totale. Cette initiative unique en Europe pousse chaque club à mesurer, réduire et compenser son empreinte carbone. Les premiers résultats sont encourageants : 25 clubs ont réalisé leur bilan carbone, 33 favorisent le covoiturage et 22 proposent une option végétarienne au stade. Pour structurer ces actions, la LFP collabore avec les entreprises Sami et Zei. Ces outils de suivi et de reporting RSE harmonisent les données avec la méthodologie de l’UEFA. Une avancée majeure pour comparer les efforts à l’échelle continentale.

Les déplacements, principal défi écologique

Les transports représentent près de la moitié des émissions du football français. 47% précisément, selon le Shift Project. Les trajets des supporters et des équipes sont donc la priorité absolue. Le LOSC a été pionnier en rejoignant dès 2020 l’initiative onusienne Climate Neutral Now. Le club s’engage à compenser intégralement les émissions liées à ses déplacements. D’autres clubs misent sur des solutions concrètes. Le Stade Brestois encourage la mobilité douce avec un parking vélo gratuit et des récompenses pour les supporters. L’application StadiumGO, partenaire de la LFP, facilite le covoiturage entre fans. Certaines équipes comme Brest ou Nantes privilégient désormais le bus pour les trajets inférieurs à cinq heures. L’objectif est clair : bannir les vols domestiques lorsque le train ou la route sont viables.

Des stades plus durables et mieux pensés

Les infrastructures jouent un rôle clé dans la réduction de l’empreinte carbone. L’Olympique Lyonnais fait figure de modèle. Le Groupama Stadium est alimenté à 100% en électricité renouvelable. L’OL Vallée abrite 50 000 m² de panneaux solaires, produisant l’équivalent de la consommation de 2 500 foyers. À Nice, l’Allianz Riviera bénéficie d’une ventilation naturelle et d’une charpente en bois local. Strasbourg va plus loin avec un projet original : 196 fuselages d’avions A340 recyclés pour couvrir sa tribune Sud. La LFP, de son côté, a réduit de 50% l’éclairage avant et après les matchs. La quasi-totalité des stades de Ligue 1 utilisent désormais des LED. Ces mesures simples permettent d’économiser jusqu’à un tiers de la consommation énergétique.

L’eau, les déchets et l’alimentation : les petits gestes qui comptent

L’écologie passe aussi par des gestes concrets au quotidien. Plus de 35 clubs utilisent les gobelets réutilisables Ecocup. L’OL récupère l’eau de pluie pour arroser sa pelouse. À Rodez, la pelouse hybride consomme 40% d’eau en moins grâce à un système intelligent. L’alimentation n’est pas oubliée. Vingt-deux clubs proposent une option végétarienne, réduisant les émissions liées à la viande. Toulouse travaille avec l’association Bocalenvers pour valoriser les invendus alimentaires. L’OL, encore lui, a installé des bars à eau pour limiter les bouteilles en plastique. Les joueurs utilisent des gourdes recyclables fournies par Veolia, symbole d’un partenariat durable.

Des partenariats stratégiques au service du climat

L’écologie n’est plus un simple discours, mais un axe stratégique pour les clubs. Lyon collabore avec Veolia depuis 2020 pour optimiser sa stratégie carbone. Lens suit le même chemin avec son programme “Racing Clean de Lens”, destiné à sensibiliser supporters et salariés. La LFP, de son côté, a signé un partenariat fort avec le WWF France. Ensemble, ils mènent des campagnes de sensibilisation dans les stades, notamment sur la protection de la biodiversité.

Les clubs les plus engagés montrent l’exemple

L’Olympique Lyonnais a été élu club le plus écologique de France par Sport Positive. Son label Fair Play For Planet 2 étoiles récompense des initiatives concrètes : 20 ruches installées, production de miel locale et ateliers de sensibilisation. Le LOSC, lui, a remporté le prix “Excellence Environnementale” du CNOSF. Lens s’illustre par son action sociale et environnementale. Brest multiplie les partenariats avec Football Écologie France, tandis que Toulouse a été labellisé pour sa gestion responsable. Nice, Metz, Nantes ou Saint-Étienne développent chacun leurs projets, du maillot recyclé au tri sélectif intelligent.

L’innovation au service des équipements sportifs

Le FC Nantes a lancé le premier maillot consigné et recyclable. Fabriqué à partir de 13 bouteilles en plastique, il peut être rendu contre 10 euros de consigne. La marque française NOLT, partenaire de plusieurs clubs, développe le “Maillot Infini”, un textile 100% recyclable et traçable. À Lyon, Veolia a conçu un t-shirt d’entraînement intégralement recyclé. Ces innovations réduisent drastiquement la production de déchets et l’usage de matières fossiles.

La sensibilisation, moteur du changement

Les clubs investissent dans l’éducation écologique. L’AJ Auxerre organise des ateliers sur le climat avec ses jeunes. Monaco a fait participer ses U17 à un événement zéro déchet. Le FC Annecy a organisé un “éco-match” en 2024 avec un village écologique autour du stade. Ces initiatives ancrent la transition dans le quotidien des clubs. La FFF renforce aussi son rôle avec des fiches pédagogiques sur les éco-gestes pour les jeunes licenciés.

Des outils concrets pour mesurer et progresser

Football Écologie France et le label Fair Play For Planet accompagnent les clubs dans leur démarche. Le label, créé par Julien Pierre, repose sur plus de 350 critères. Il évalue la gestion des déchets, la mobilité, l’énergie ou la biodiversité. Le Shift Project, de son côté, publie des recommandations pour aider à décarboner le football professionnel. Ces outils structurent les efforts et facilitent le suivi de l’empreinte carbone à l’échelle nationale.

Empreinte carbone : Les défis à venir pour le football français

Malgré les avancées, le chemin reste long. Un joueur professionnel émet 30 tonnes de CO2 par an, soit 40 fois plus qu’un amateur. Le potentiel de décarbonation du football est estimé à 85%. Cela suppose des changements radicaux : déplacements ferroviaires, menus végétalisés, isolation thermique des stades et limitation des matchs internationaux. L’UEFA, avec sa stratégie “Horizon 2030”, pousse à l’harmonisation des pratiques et à la neutralité carbone des compétitions.

Le football français se transforme lentement mais sûrement. L’engagement collectif des clubs, de la LFP et des supporters ouvre une nouvelle ère. Une ère où la passion du jeu rime avec responsabilité climatique. Et ce n’est qu’un début : la prochaine bataille sera celle de la durabilité économique des projets verts.

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