La financiarisation du football français suscite de vifs débats, particulièrement autour de la gestion de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Une enquête sénatoriale s’interroge sur la façon dont les fonds sont utilisés. Alors que les clubs subissent des difficultés financières, la LFP affiche des dépenses de fonctionnement importantes. Ce constat alimente un malaise profond au sein du football français.
Un contrôle qui en dit long
Jeudi matin, les sénateurs ont effectué une visite inattendue au siège de la LFP. Le but ? Analyser la gestion financière de la ligue dans le cadre d’une enquête sur la financiarisation du football. Ce contrôle, effectué “sur pièces et sur place”, a permis de rencontrer les dirigeants de la LFP et de sa filiale commerciale, LFP Media. Malgré une coopération apparente de la part de la LFP, des questions subsistent. Les sénateurs n’ont pas encore eu le temps d’analyser tous les documents obtenus, mais des constats frappants se dessinent déjà. Le train de vie de la LFP apparaît disproportionné face aux difficultés financières que rencontrent de nombreux clubs.
Un décalage financier préoccupant
LFP droits télé : L’une des principales préoccupations des sénateurs est l’arrivée du fonds d’investissement CVC Capital Partners dans le capital de la LFP Media. Cet accord, censé renflouer la LFP après le fiasco Mediapro de 2020, prévoyait un investissement de 1,5 milliard d’euros contre 13,04 % des parts de la société commerciale de la ligue. Cependant, les chiffres réels et les promesses de rentabilité initiales déçoivent. Les droits télévisuels, attribués à DAZN et beIN Sports pour 500 millions d’euros sur la période 2024-2029, sont bien en deçà des espérances. Ce montant, jugé insuffisant, a poussé certains sénateurs à comparer le football français à des ligues moins prestigieuses comme celle de Slovénie.
Une gestion coûteuse pointée du doigt
Les sénateurs ont également soulevé des inquiétudes sur les rémunérations excessives au sein de la LFP. En effet, le salaire du président de la Ligue, Vincent Labrune, a triplé, atteignant 1,2 million d’euros annuels, avec un bonus de 3 millions d’euros. Face à la controverse, Labrune a promis de réduire son salaire. Ces dépenses colossales s’accompagnent d’une explosion de la masse salariale. Entre 2022 et 2024, les effectifs de la LFP et de LFP Media ont presque doublé, passant de 77 à 137 salariés. La masse salariale est passée de 7 à 17,5 millions d’euros. En parallèle, les revenus liés aux droits télévisuels sont en chute libre.
Un autre symbole de cette gestion coûteuse est l’acquisition récente d’un siège de la LFP. Montant : 131 millions d’euros dans un quartier prestigieux de Paris. Les sénateurs s’interrogent sur la pertinence de cette dépense, particulièrement dans un contexte de baisse de revenus.
Des réformes nécessaires pour éviter la crise
Le Sénat n’a pas encore livré son rapport définitif, mais la LFP doit engager des réformes en profondeur. Il est urgent de revoir la gouvernance et la transparence au sein de l’organisation. Le football français doit cesser de vivre au-dessus de ses moyens. En l’absence de changements, le risque de crise financière est réel, ce qui pourrait conduire à un effondrement du modèle économique actuel. Michel Savin, rapporteur de la commission, appelle à des réformes rapides pour éviter le “naufrage” du football français.
Au final :
L’enquête sénatoriale sur la LFP met en lumière un décalage frappant entre les dépenses de l’organisation et les difficultés financières des clubs. Entre rémunérations excessives, masse salariale croissante et droits télévisuels décevants, la gestion de la Ligue est sous le feu des critiques. La LFP est désormais sommée de prendre des mesures drastiques pour éviter une crise majeure dans le football français.
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